Pour Mathieu Riboulet

Il y a, dans les livres de Mathieu Riboulet, ce regard d’extra-lucide que l’on admire chez celles et ceux qui le possèdent, et que l’on finit par redouter pour soi-même. Comment aura-t-il regardé ce qui l’attendait, lors de ce dernier jour de sa vie, lui, l’infatigable sondeur de vie et guetteur de mort ? Le chantier d’un corps malade, en souffrance, semble parfois insurmontable. Dans la résidence qui nous est confiée de notre corps, l’une ou l’autre des parties de soi décide. Ce lundi soir de février, tard dans la soirée et dans l’épuisement, Mathieu a soigneusement fermé la porte, et laissé la maison vide.

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Katy Couprie à Ombres blanches !

Rencontre avec Katy Couprie le mercredi 7 février à 17h autour de l’ensemble de son œuvre et de sa démarche artistique, suivi d’une séance de dédicaces au rayon jeunesse. Canopé Toulouse a également le plaisir et l’honneur d’accueillir une exposition de ses œuvres du 22 janvier au 9 février. La rencontre est organisée en lien avec le CRL et Canopé Toulouse 31.

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Entretien avec Galin Stoev

Entretien avec Galin Stoev, metteur en scène et directeur du
Théâtre National de Toulouse

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours depuis Sofia, en Bulgarie, où vous êtes né ?

Je suis né en Bulgarie, puis j’ai grandi à Moscou jusqu’à mes 7 ans, je suis ensuite revenu en Bulgarie où j’ai fait mes études à l’Académie Nationale de Théâtre de Sofia. Je fais partie de cette génération qui a commencé à travailler tout de suite après la chute du mur de Berlin. C’était vraiment un grand bouleversement dans la société. Esthétiquement, beaucoup de choses ont changé dans le théâtre et toutes les institutions avaient besoin de sang neuf. Les portes des théâtres nationaux se sont ouvertes. Ma génération était là et, très vite, nous avons commencé à travailler dans des grands théâtres. Continuer la lecture

Libraires, restons fidèles à Gérard Bourgadier

Christian Thorel revient dans ce texte sur la disparition récente de Gérard Bourgadier, éditeur et fondateur des éditions L’arpenteur.

Nous avions, depuis sept ans, perdu la trace de Gérard Bourgadier. Depuis son départ des éditions Gallimard, l’homme s’était éloigné du monde, dans la discrétion, dans le retrait. La mort l’aura pris, dans les jours où la Toussaint nous rappelle les disparus.

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La rentrée littéraire 2017

Un avant-goût de cette rentrée

Établir une sélection de romans pour la rentrée littéraire est une chose embarrassante. D’abord parce que, au moment où nous écrivons ce billet, nous sommes en août, et août ce n’est pas encore la rentrée. Ensuite parce qu’une sélection demande une méthode, des critères, des points objectifs, c’est-à-dire des choses qui grippent l’élan de la spontanéité. Continuer la lecture

Des livres et des savoirs

Des livres et des savoirs

Le numérique a profondément modifié le rapport au savoir. La tyrannie de l’individu contemporain exige de ce nouvel espace son immédiateté, une adaptation évidente au registre (le plus) commun de vocabulaire, et la plus grande des élasticités. Depuis l’immensité du brouillard des « données » et des informations, chacun attend sa réponse, son renseignement. Mais qu’en est-il de l’enseignement ? Mais qu’en est-il de notre propre désir de savoir ?

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EXPOSITION JÉRÔME DUBOIS – CITE VILLE –

Au Café Côté Cour de la librairie mercredi 11 mai 2016 à 18h : ouverture de l’exposition des planches dessinées de Jérôme Dubois «Cité-ville».

Samedi 14 mai à 15h : Rencontre-dédicace avec Jérôme Dubois autour de son dernier album Jimjilbang paru l’année dernière aux éditions Cornélius.

La rencontre est organisée dans le cadre du Festival Indélébile qui aura lieu les 13, 14 et 15 mai 30 rue des jumeaux aux ateliers IPN et TA.

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Cité-Ville

Divers lieux, diverses vues, diverses constructions. La Ville s’assemble comme elle se dessine, elle apparaît au travers des images qui la représentent. Cette exposition regroupe des planches et illustrations issues de projets divers mais se rapprochant par une conception idéalisée de l’espace urbain. Un espace où la logique et l’humain s’effacent devant la Ville sans limites, minérale et dévorante.

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Avec Serge Mestre

Avec Serge Mestre

Comment parler des livres que nous aimons, lorsqu’ils sont écrits par des personnes qui font partie de nos vies. Parmi les auteurs que j’aime, rares sont ceux, comme Serge Mestre, avec lesquels les moments de partage et d’amitié sont aussi anciens, et solides. C’est autour de la peinture et de la littérature que nous nous réunissions à Castres, dans les années de nos vingt ans. Entre 1970 et 1980, il était bon de renverser le chaudron des vieilles valeurs, la figuration en peinture et la fiction dans le roman. Les performances formelles, les objectifs politiques, étaient les obsessions de nos éveils à l’art et à la littérature.

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LA RECHERCHE DE SOI

« Écrire, c’était la seule chose qui peuplait ma vie et qui l’enchantait. Je l’ai fait. L’écriture ne m’a jamais quittée. » Marguerite Duras

 

Écrire sur soi et pour soi devient au XXe siècle – le siècle de Proust – un enjeu majeur de l’histoire littéraire, jusqu’à ce que l’on nommera l’autofiction. Petit parcours de quelques voix qui se cherchent et qui parfois arrivent à s’entrevoir dans les reflets de l’écriture.


 

Le bavard
Des Forêts, René-Louis, Gallimard, 1978

« Le Bavard, publié en 1946, remanié en 1963, pure contamination des mots les uns avec les autres, étend cette contagion avec une rage qui offre peu d’exemples à l’ensemble des protagonistes du drame, gagne à sa cause délétère les figures mêmes de l’auteur et du lecteur, provoquant de la sorte un rare et extraordinaire malaise. » Les éditions Gallimard.

« Publié au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Le Bavard de Louis-René des Forêt interroge le pouvoir de la parole. Cette œuvre singulière, resté confidentielle à sa parution, est devenue dans les années 1960 un livre de référence pour toute une génération. » Lire la suite de la critique d’Amaury Nauroy.

ÉCOUTER LA LECTURE DE NATHALIE VINOT

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La pluie et le sang

Une bonne lecture de plus pour la nouvelle collection du Bélial, et une lecture tout à fait différente du Vernor Vinge et du Paul McAuley (ne me reste plus que celui de Nancy Kress).
L’ambiance est lourde dans cette novella de Thomas Day, comme elle l’était déjà dans d’autres de ses écrits (on pense à Women in chains, ActuSF). L’atmosphère moite et étouffante de Bangkok pèse autant sur ses habitants que sur le lecteur, elle transpire et imprègne l’histoire. Nous sommes lancés en compagnie d’un policier sur les traces de Dragon, tueur impitoyable de proxénètes et de pédophiles. Cette traque soulève plusieurs questions : l’attitude des autorités vis à vis de la prostitution d’enfants et donc face à notre tueur, notre rapport à la sexualité par l’intermédiaire du policier qui recherche vainement l’incarnation parfaite de son fantasme le plus fou et ; interrogation inévitable, Dragon est-il un héros ou un salaud ?
C’est un texte fort, qui nous met un gnon en pleine tronche de par le sujet mais aussi de par l’écriture crue qui ne nous épargne rien.

DragonDragon, de Thomas Day
Le Bélial – 2016