Il y a, dans les livres de Mathieu Riboulet, ce regard d’extra-lucide que l’on admire chez celles et ceux qui le possèdent, et que l’on finit par redouter pour soi-même. Comment aura-t-il regardé ce qui l’attendait, lors de ce dernier jour de sa vie, lui, l’infatigable sondeur de vie et guetteur de mort ? Le chantier d’un corps malade, en souffrance, semble parfois insurmontable. Dans la résidence qui nous est confiée de notre corps, l’une ou l’autre des parties de soi décide. Ce lundi soir de février, tard dans la soirée et dans l’épuisement, Mathieu a soigneusement fermé la porte, et laissé la maison vide.
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Denise au Ventoux / Verdier
Il y a dans les pages de Denise au Ventoux quelque chose comme les accents d’une schizophrénie. Cela procèderait de l’interrogation de l’animalité, qui est au cœur des pages de ce livre, mais plus encore de la part animale que l’auteur traque dans son narrateur, une part animale qui en serait la plus sensible, la plus attentive aux êtres et à la vie. De même qu’il existerait deux champs d’observation pour Paul, le narrateur, celui d’abord des humains et de leur cirque quotidien, celui ensuite qui obsède son regard, capturé par les signes d’intelligence de Denise, la chienne dont il hérite « provisoirement » et naturellement, de même le roman, qui fait le récit de cette liaison entre homme et chien(ne), est-il divisé en deux approches du genre romanesque.
Philippe Forest, Crue, éditions Gallimard
«Savais-je bien ce qui m’avait conduit dans le quartier étrange ou j’avais élu domicile ? À quel appel j’avais inconsciemment répondu lorsque je m’y étais installé ? De mon propre aveu, l’endroit ou nous nous trouvions avait donné un tour nouveau à ma vie.»
Je commence par cette citation prise à la page 160 du nouveau roman de Philippe Forest. J’aurais pu en choisir une autre tant j’ai surligné de passage de ce livre. Celui-ci me permet de préciser le décor et l’idée du retour, du revenant.