Du delta du Niger aux rives du Kongo.
Exposition d’objets, masques, sculptures, tissus d’Afrique de l’Ouest. Lumières sur la collection Pierre Robin.
Du 27 octobre au 6 décembre à l’atelier et à la librairie V. O. rue Mirepoix.
Le vernissage de l’exposition aura lieu le vendredi 29 octobre à 18h.
Pierre Robin a dirigé plusieurs Galeries à Saint-Germain-des-Prés à Paris, entre les années 1960 et 2000. Plutôt spécialisé dans l’Art Primitif, il a aussi organisé des expositions de Peintures et de Sculptures. Son activité de Galeriste lui a permis de rencontrer de nombreuses personnalités des Arts et de la politique.
Explorateur de l’Afrique et de l’Indonésie pendant 40 ans, ce Bourguignon a pris sa retraite à Rabastens dans le Tarn, dans une maison qui surplombe la rivière. Pendant les vingt dernières années, il s’est passionné pour une ethnie peu connue : les BOZO (Mali, boucle du Niger). Il a ainsi pu réunir une importante quantité de sculptures prodigieusement inventives.
« Ma première passion fût l’archéologie, plus particulièrement l’égyptologie, puis, très vite j’ai découvert l’art africain. Ce fût un enchantement à une époque où l’on découvrait encore des sculptures provenant de petites ethnies méconnues.
J’allais souvent au Mali où j’avais des amis africains auxquels je suis resté fidèle jusqu’à présent.
Ils m’ont fait découvrir ce pays exceptionnel et un soir de pleine lune, j’ai eu le privilège d’assister à une cérémonie « SOGOBO », théâtre de masques et de marionnettes, dans un village de la région de Ségou.
Quelle découverte ! Nous étions au centre du village, de partout affluaient les enfants jouant du Djembé, les jeunes annonçant le spectacle en soufflant dans des cornes de bovins, les adultes en tenue de fête.
Après des heures de danses, les marionnettes sont entrées en piste, exubérantes, très colorées, bestiaire bigarré, nombreux personnages, animaux fantastiques, certaines étaient articulées : le cou s’allongeait, les oreilles se dressaient, les ailes s’agitaient… Puis, nous avons suivi l’histoire, en marchant en procession le long de la rive, les marionnettes ont été hissées sur des pirogues le long du fleuve, certaines avaient des miroirs dans les yeux afin de rendre l’ambiance plus mystérieuse. Sous la bienveillance de la marionnette « Faro » (Maître de l’eau) représentée sous les traits d’une femme d’une grande beauté, la peau claire, les marionnettes « Bama » (le crocodile) et « l’hippopotame » ont sauté dans l’eau et se sont mises à danser en faisant claquer leur mâchoire.
La nuit s’est achevée très tard, j’étais étourdi par ce spectacle grandiose et impressionnant, par cette promenade dans ce monde merveilleux des masques et marionnettes du théâtre Sogobo.
Mes amis africains, étonnés de me voir dans cet état, m’ont dit : « Demain, nous te montrerons des marionnettes abandonnées, trouvées ou achetées dans des villages où le théâtre n’existe plus ».
Ainsi, j’ai pu acquérir au fil des années (40 ans) des marionnettes en plus ou moins bon état, mais qui toutes m’ont passionné par leur créativité, leur folie des couleurs, leur invention architecturale, leurs vêtements génialement bricolés etc. et je n’avais de cesse de retourner au Mali, dans les villages où des spectacles se préparaient pour mieux comprendre cet art et sa richesse symbolique.
J’ai vite compris que les sculptures BOZO relevaient bien d’un art populaire, ludique et joyeux mais aux règles codées : l’habilité et l’ingéniosité des sculpteurs, la luxuriance des couleurs, le choix des tissus, les systèmes de manipulation etc. en font un art énigmatique qui vous oblige à chercher, puis à comprendre ses règles.
En effet, depuis plusieurs siècles, ce théâtre offre aux jeunes gens et aux jeunes filles, une importante voie d’accès à la connaissance, favorise l’intégration et l’esprit de solidarité ainsi que la compréhension et l’expérience des croyances et des valeurs fondamentales de leur communauté. Force est de constater que dans cette Afrique, la permanence des valeurs traditionnelles n’est pas un frein, mais au contraire un facteur de cohésion sociale.
J’ai vécu avec cette importante collection toutes ces années et j’ai pensé qu’il était temps de la laisser admirer par d’autres qui se passionneront comme moi pour cet Art Africain si différent. »
PIERRE ROBIN