La pluie et le sang

Une bonne lecture de plus pour la nouvelle collection du Bélial, et une lecture tout à fait différente du Vernor Vinge et du Paul McAuley (ne me reste plus que celui de Nancy Kress).
L’ambiance est lourde dans cette novella de Thomas Day, comme elle l’était déjà dans d’autres de ses écrits (on pense à Women in chains, ActuSF). L’atmosphère moite et étouffante de Bangkok pèse autant sur ses habitants que sur le lecteur, elle transpire et imprègne l’histoire. Nous sommes lancés en compagnie d’un policier sur les traces de Dragon, tueur impitoyable de proxénètes et de pédophiles. Cette traque soulève plusieurs questions : l’attitude des autorités vis à vis de la prostitution d’enfants et donc face à notre tueur, notre rapport à la sexualité par l’intermédiaire du policier qui recherche vainement l’incarnation parfaite de son fantasme le plus fou et ; interrogation inévitable, Dragon est-il un héros ou un salaud ?
C’est un texte fort, qui nous met un gnon en pleine tronche de par le sujet mais aussi de par l’écriture crue qui ne nous épargne rien.

DragonDragon, de Thomas Day
Le Bélial – 2016

Protons et vieux croutons

Deuxième titre de la nouvelle collection du Bélial, « Une heure-lumière », et quatrième et dernier dans mon ordre de lecture, Le Nexus du docteur Erdmann est aussi celui que j’ai préféré.
Henri Erdmann est un physicien à la retraite, ou presque, étant donné qu’il donne encore des cours à la fac du coin à des étudiants pas si prometteurs selon lui. Il a mauvais caractère, se déplace en déambulateur et il faut avouer qu’il n’apprécie pas grand monde à la maison de retraite. Pour l’aider au quotidien il y a Carrie, aide-soignante sympathique que l’on va suivre également, battue par son ex petit ami flic qui la harcèle.
Henri va rapidement connaitre des sortes de micro attaques cérébrales, accompagnées de visions, pour lesquelles il ne trouve pas d’explication. Mais le mystère va encore un peu plus s’épaissir lorsqu’il va se rendre compte qu’il n’est pas le seul résidant à la maison de retraite à les ressentir…

Le point fort de la novella réside dans ses nombreux personnages. En plus d’Henri et Carrie, vont se greffer au récit d’autres personnes âgées (représentant chacune plus ou moins un archétype du « vieux »), un neurologue ou même un duo de flics. Si le format ne permet pas non plus de développer en profondeur chacun d’eux, ils gagnent petit à petit en consistance et on se prend rapidement d’affection pour la plupart. Continuer la lecture