Un spectacle de Romeo Castellucci une nouvelle fois contesté

Les 10 et 11 avril dernier, au théâtre des Quinconces au Mans, le spectacle de Roméo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu, depuis sa création en 2011, a dû être amputé d’une scène capitale. Pour la première fois depuis que ce spectacle a été créé en 2011, et après avoir été présenté dans de nombreux pays et dans de nombreuses villes de France, dont Toulouse, un Préfet de la République a décidé d’interdire l’emploi d’enfants dans ce spectacle, rendant de facto l’avant dernière séquence du spectacle injouable. Prise au nom de la protection des enfants (tous volontaires ainsi qu’évidemment leurs parents, et qui avaient été accompagnés dans cette démarche artistique, comme dans toutes les autres villes, par l’assistant de Roméo Castellucci), cette interdiction, tout à fait nouvelle pour ce spectacle, peut difficilement ne pas passer pour un geste de censure déguisée et une abdication devant les pressions des milieux extrémistes et intégristes.
Une interdiction qualifiée par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) de « censure ». La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a également condamné cette interdiction sur twitter, le 4 avril  : « Je rappelle mon attachement profond à la liberté de création et souhaite saluer le travail de l’artiste ainsi que les programmateurs qui ont permis la diffusion de son œuvre et le travail de pédagogie théâtrale réalisé auprès des enfants et familles. »

La pièce sera reprise cet automne à la Colline à Paris.
Arnaud Rykner, professeur à l’université Sorbonne nouvelle et membre de l’institut universitaire de France, a transmis à la librairie Ombres blanches une lettre ouverte au préfet de la Sarthe, que nous avons décidé de reproduire ci-dessous dans son intégralité.

Romeo Castellucci au Teatro Comunale di Bologna

Romeo Castellucci au Teatro Comunale di Bologna –  licence CC BY-SA 3.0


Continuer la lecture

Entretien avec Galin Stoev

Entretien avec Galin Stoev, metteur en scène et directeur du
Théâtre National de Toulouse

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours depuis Sofia, en Bulgarie, où vous êtes né ?

Je suis né en Bulgarie, puis j’ai grandi à Moscou jusqu’à mes 7 ans, je suis ensuite revenu en Bulgarie où j’ai fait mes études à l’Académie Nationale de Théâtre de Sofia. Je fais partie de cette génération qui a commencé à travailler tout de suite après la chute du mur de Berlin. C’était vraiment un grand bouleversement dans la société. Esthétiquement, beaucoup de choses ont changé dans le théâtre et toutes les institutions avaient besoin de sang neuf. Les portes des théâtres nationaux se sont ouvertes. Ma génération était là et, très vite, nous avons commencé à travailler dans des grands théâtres. Continuer la lecture