Paris vaut bien les mets (de New York)

Serait-ce le match du siècle ? L’ équivalent du match de boxe Muhammad Ali / Joe Frazier avec KO final du combattant le plus médiatique ?

De quoi Paris peut-elle s’enorgueillir que New York n’aurait pas…le macaron ? Et en quoi la Big Apple peut-elle se targuer d’exceller… La bataille va t’elle être à couteaux tirés ?…

Que nenni… ce serait plutôt à un combat amical et graphique que nous convie Vahram Muratyan… Dans son livre Paris vs New York, il répond à toutes ces questions et même d’autres, et met en scène une bataille enfantine qui oppose Woody Allen à Godard ou The Velvet Underground à un croissant…pour finalement mettre à mal avec humour toutes nos différences qui au fond ne sont que formelles… Continuer la lecture

Dramuscule

Ma chère Lise de Vincent Almendros, Éditions de Minuit

Un jeune professeur tombe amoureux de son élève : voilà l’intrigue du premier roman que publient les Éditions de Minuit en cette rentrée. Intrigue pour le moins ténue, qui fait dire à une partie de la critique que ce roman s’inscrit dans la droite ligne du catalogue de la maison à l’étoile bleue : le minimalisme.

Camille Laurens, dans un article du Monde au sujet du dernier livre d’Hélène Lenoir (Pièce rapportée, publié aux mêmes Editions de Minuit), écrit : « …(ce texte) devrait rendre caduque l’opposition factice entre romancier de l’intime et romancier du monde (…) La sauvagerie des individus dans leur espace privé présente et déplie la violence des conflits extérieurs. » On pourrait reprendre cette citation au sujet du roman de Vincent Almendros. Pas de projet démonstratif ici, ni dans la forme, ni dans le fond. Et c’est justement tout l’intérêt de ce texte, qui nous rappelle que notre vie est faite de ces événements minuscules qui nous semblent insignifiants, mais n’en sont pas moins les composants de nos drames les plus ravageurs et de nos joies les plus intenses. Continuer la lecture

La sexualité en mode mineur

La répétition d’Eleanor Catton, éditions Denoël (traduit du néo-zélandais par Erika Abrams) et Clèves de Marie Darrieussecq, éditions POL.

Ces deux romans, parus en cette rentrée littéraire, abordent la question de la sexualité des adolescents, ou, plus précisément, des adolescentes. La naissance et la découverte du trouble, les questions (pratiques ou existentielles), le passage à l’acte, les rôles conscient et inconscient joués par les adultes dans cet apprentissage. Si les deux romancières traitent toutes ces dimensions, chacune le fait à sa manière (très factuel chez Darrieussecq, proche d’un journal intime ; plus troublant chez Catton, dans une narration oscillant sans cesse entre la réalité et le fantasme).

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Communiqué du Théâtre Garonne

 » Toulouse, le 27 octobre 2011

Le théâtre Garonne
, comme d’autres théâtres en France, subit depuis plusieurs semaines des pressions et des menaces visant à annuler les représentations du spectacle de Rodrigo Garcia, Gόlgota Picnic. Ce spectacle a été présenté pendant cinq semaines au Centre Dramatique National de Madrid, puis dans plusieurs villes européennes, sans aucun incident. Une autre oeuvre est visée par cette campagne : Sur le concept du visage du fils de Dieu, de Romeo Castellucci, présentée ces jours-ci au Théâtre de la Ville à Paris qui subit des attaques sans précédent.
Ce mouvement est initié notamment par l’Institut Civitas qui se définit comme un « mouvement politique inspiré par le droit naturel et la doctrine sociale de l’Église et regroupant des laïcs catholiques engagés dans l’instauration de la Royauté sociale du Christ sur les nations et les peuples ». L’Institut Civitas accuse – sans fondement – Gόlgota Picnic d’offenser la figure du Christ et la religion catholique, qualifiant le spectacle de « blasphématoire ». Ce faisant, il dénie le droit inaliénable à la liberté d’expression qui s’inscrit dans le cadre de la loi.
La violence et la haine déclenchées, au-delà de l’inquiétude légitime qu’elles suscitent, appellent en retour une responsabilité citoyenne. Le théâtre Garonne, solidaire des théâtres visés, revendique par ailleurs pleinement les raisons artistiques qui l’ont amené à programmer le spectacle de Rodrigo Garcia, qui sera montré à Toulouse aux dates prévues.
Jacky Ohayon et l’équipe du Théâtre Garonne »
La librairie soutient cet appel à la responsabilité citoyenne et dénonce ce fanatisme religieux dont sont victimes ces théâtres, et donc la liberté de création et d’expression.
 

Soutien au Théâtre Garonne

La librairie est heureuse d’accueillir à nouveau Pascal Quignard, en partenariat avec le Théâtre Garonne, ce dernier faisant l’objet de menaces sur le spectacle de Rodrigo Garcia, ce qui n’est pas sans rappeler des attaques similaires.
Petit rappel des faits : en 2007, La nuit sexuelle de Pascal Quignard servait de thème au Banquet de Lagrasse ; dans la nuit de 8 au 9 août la librairie du banquet était saccagée et les livres recouverts d’huile de vidange. Cette attaque à caractère fasciste avait détruit plus de 5000 ouvrages, et faisait suite à de virulentes critiques parues dans la presse et les blogs d’extrêm-droite, mais aussi dans le Figaro.
Aujourd’hui la même droite dite populaire et la même extrême-droite liée aux mouvements catholiques fanatiques s’attaquent à deux créations théâtrales : Gólgota Picnic de Rodrigo Garcia à Toulouse et Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci à Paris.
La librairie s’associe aux condamnations, fermes et sans ambigüité de ces menaces, publiées sur les sites du Théâtre Garonne et du Théâtre de la Ville de Paris et vous invite à rejoindre le texte de soutien: Le théâtre contre le fanatisme.
L’équipe d’Ombres Blanches

Mieux vaut boire du rouge que broyer du noir – Les recettes de la feignasse

A l’époque où fleurissent à tous vents les manuels de cuisine plus ou moins conditionnés, voici deux petits ouvrages qui sortent des sentiers battus.

Une belle petite surprise au rayon culinaire avec les Editions Libertaires qui publient Mieux vaut boire du rouge que broyer du noir.

Tout un programme ! N’en déplaise aux aficionados du jus de raisin alcoolisé, il ne s’agit pas ici d’un pamphlet sur la diffusion du vin pour oublier la morosité ambiante.

En revanche c’est avec une bonne dose d’humour et surtout de simplicité que Benoist Rey, qui cuisine depuis plus de quarante ans, nous propose dans ce livre quelques recettes sans prétention et à la portée de tous. Et à vrai dire, si elles peuvent être accompagnées d’un bon vin, c’est pas plus mal. De quoi nous faire voir la vie en rose … ou en rouge (c’est au choix !). Continuer la lecture

J. M. Coetzee et Thomas Bernhard : Autoportraits

« L’après-vous c’est pour quand d’après-vous ? » (Raymond Devos)
Il est des fois où le hasard fait bien les choses. Il est donc heureux que paraissent en poche, et en même temps, les textes de Bernhard et de Coetzee, Mes prix littéraires et L’été de la vie. L’un publié en 2009 à titre posthume (Bernard meurt en 1989 à Gmunden). L’autre publié à titre faussement posthume en 2010 (Coetzee est né en 1940 au Cap). Cela tombe d’autant plus à point que nous entrons maintenant dans la sacro-sainte saison des prix littéraires. Et nos deux auteurs ne manquent pas de décorations ! Continuer la lecture

L’Amérique d’après

Dès ses premières phrases, Sukkwan Island vous saisit et vous trouble. Insolite, à mi-chemin entre le roman d’initiation, la littérature des grands espaces et l’intrigue policière, l’univers dépeint par ce sombre texte fait directement écho à l’auteur de la Trilogie des confins, Cormac McCarthy, et à ses univers rudes et oppressants (auteur que David Vann respecte et admire, comme il l’a indiqué lors de sa venue à la librairie). On pense à La Route, à ses paysages désertés et hostiles, à la relation père/fils et ses enjeux de transmission, au mythe de la frontière et celui des pionniers, pilgrims qui firent l’Amérique. Là où McCarthy revient sur ce mythe fondateur de manière allégorique, David Vann choisit la voie de la dissonance et du récit grinçant. Continuer la lecture

Le ravissement de Britney Spears de Jean Rolin

Candide au pays des stars.
Lorsque j’ai pris connaissance de l’histoire du dernier livre de Jean Rolin – un espion français part à Los Angeles pour déjouer une tentative d’enlèvement ou d’assassinat de Britney Spears par des terroristes islamistes –, et, malgré toute l’admiration que je porte à l’auteur, je ne me suis pas précipitée sur le livre. Qu’est-ce que Jean Rolin, plus habitué à nous parler d’anonymes à l’identité parfois en perdition, allait faire dans cette galère qu’est le milieu des célébrités américaines ? Or, dès les premières pages, me voilà rassurée : je retrouve avec bonheur l’humour de Jean Rolin, et je suis certaine d’être embarquée pour un curieux voyage. Continuer la lecture