
Il y a dans les pages de Denise au Ventoux quelque chose comme les accents d’une schizophrénie. Cela procèderait de l’interrogation de l’animalité, qui est au cœur des pages de ce livre, mais plus encore de la part animale que l’auteur traque dans son narrateur, une part animale qui en serait la plus sensible, la plus attentive aux êtres et à la vie. De même qu’il existerait deux champs d’observation pour Paul, le narrateur, celui d’abord des humains et de leur cirque quotidien, celui ensuite qui obsède son regard, capturé par les signes d’intelligence de Denise, la chienne dont il hérite « provisoirement » et naturellement, de même le roman, qui fait le récit de cette liaison entre homme et chien(ne), est-il divisé en deux approches du genre romanesque.

Malgré les nombreuses expéditions précédentes la Zone X n’a pas révélé tous ses secrets, loin s’en faut. Beaucoup y sont allés, peu en sont revenus, et les quelques « chanceux » n’avaient plus toute leur tête. Cette fois elles sont quatre, elles ont été préparées (voire conditionnées) par l’agence gouvernementale en charge, et, n’ayant plus d’identité elles se distinguent juste par leur profession. C’est le carnet de bord de la biologiste (accompagnée de la psychologue, de l’anthropologiste et de la géomètre) que Jeff Vandermeer, tête de proue avec China Mieville du mouvement New Weird, nous fait découvrir dans ce premier tome de la trilogie du Rempart sud.