L’expérience amoureuse dans la modernité

À propos du livre d’Eva Illouz, Pourquoi l’amour fait mal ?, Points, 2014.


Eva Illouz nous invite à penser l’évolution du sentiment amoureux dans la modernité. Pourquoi continuons nous de souffrir en amour alors que les obstacles dus à la classe ou à la famille ont aujourd’hui presque disparus ? Nous pourrions a priori désirer et s’engager avec qui nous voulons dans les conditions que nous voulons… Ce livre suggère que l’organisation sociale de la souffrance amoureuse a profondément changé et se propose de comprendre la nature de cette transformation à travers l’étude de trois changements intervenus dans la structure du moi : la dérégulation normative du mode d’évaluation des partenaires potentiels (hors des normes de groupes et des cadres communs), une tendance croissante à envisager le partenaire sexuel et amoureux simultanément en termes psychologiques et sexuels, et l’apparition de champs sexuels, le fait que la sexualité joue en tant que telle un rôle de plus en plus important dans la compétition entre acteurs sur le marché du mariage.
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Astrid Lindgren, Une féministe dans le siècle

Romancière, créatrice de Fifi brin d’acier ou d’Emil, Astrid Lindgren a profondément influencé de nombreuses générations de lecteurs, en Suède et partout dans le monde.
Alors que Gaia vient de faire paraître la première biographie disponible en langue française d’Astrid Lindgren, retour sur la vie (et l’œuvre) de cette grande féministe dans le siècle.

Astrid Lindgren

Astrid Lindgren, une féministe dans le siècle.


 
Enfin une biographie qui rend hommage à cette femme et écrivaine exceptionnelle, la créatrice de Fifi Brindacier !
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La faiblesse du vrai

« Qui a une idée vraie, en même temps sait qu’il a une idée vraie, et ne peut douter de la vérité de la chose. » Éthique, II, prop. XLIII.
Si, comme l’affirme Spinoza, le vrai se révèle lui-même comme tel en une éblouissante et irréfutable clarté, force est néanmoins de constater que sa lueur semble considérablement pâlir à l’heure des fake news et autres alternative facts où le réel lui-même et les discours s’indexant sur lui ne parviennent plus à remporter l’adhésion. Pourtant, est-ce bien nouveau? Platon à la fin du mythe de la caverne n’avait-il pas averti que celui qui aurait réussi à voir le vrai soleil, la réalité véritable, certes d’abord ébloui par l’éclat splendide de l’astre, aurait toutes les peines du monde à convaincre ses camarades restés parmi les ombres qu’il est, qu’il existe une plus substantielle lumière?
De même, le procès de Socrate et sa condamnation à mort ne témoignent-ils pas aussi, de manière exemplaire, du défaut de coïncidence entre l’aspiration à la vie vraie et l’espace public ?

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George Sand à Nohant

A propos du livre de Michelle Perrot, George Sand à Nohant, Seuil, 2018.

Michelle Perrot est historienne, professeure émérite d’histoire contemporaine des universités et militante féministe. Elle est l’auteure d’Histoire de chambres couronné par le prix Fémina de l’essai en 2009.

George Sand (1804-1876), écrivaine, dramaturge, critique littéraire, sensible à la cause des femmes et investit dans la vie politique de son temps.

Nohant, demeure du Berry dont elle hérite, devient son lieu de vie, elle le quitte parfois à regret pour ses voyages et le retrouve avec plaisir le moment venu. George Sand est indissociable de Nohant, elle y construit sa vie privée et veut aussi en faire une maison d’artiste, comme un contrepoint au parisianisme ambiant du XIXe siècle.

George Sand en 1850. Fusain de Thomas Couture.

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Sauver Carmen

Sophie Rabau est enseignante-chercheuse en littérature générale et comparée à la Sorbonne, avec un sacré grain de folie, juste ce qu’il faut pour donner une autre lecture de la littérature. Le présent essai s’intéresse à la nouvelle de Prosper Mérimée, Carmen . Au terme de la nouvelle, Carmen, la bohémienne vénéneuse meurt poignardée par son amant Don José.

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Pourquoi l’inscription des archives du Père Castor au Patrimoine mondial de l’Unesco est une très bonne nouvelle

Les archives du Père Castor, collection d’albums destinée aux enfants dans laquelle ont été publiés La Petite Poule rousse, Roule Galette ou encore Boucle d’or, viennent d’intégrer le registre Mémoire du monde de l’Unesco. Un programme recensant les trésors documentaires du monde entier, qui accueille ainsi, aux côtés du texte de l’Appel du 18 juin, des films des frères Lumière, de la tapisserie de Bayeux ou encore de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ces récits traduits dans quarante langues et lus par des millions de jeunes à travers le monde.

Roule galette, l’un des titres emblématiques de la collection du Père Castor. Une galette s’ennuie à refroidir, se laisse glisser de la fenêtre et s’enfuie sur le chemin. Elle roule, elle roule, bat la campagne, chantonne, et échappe successivement à la convoitise d’un lapin, d’un ours, d’un loup. Mais quand le malin renard l’attire, que va t-elle devenir ?


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La Grande Oreille : La revue des arts de la parole

Depuis 1999, La Grande Oreille, revue trimestrielle, propose de découvrir le conte dans toute sa diversité (contes de tradition orale, mythes, légendes, contes urbains et contemporains, récits de vie…) et sous toutes ses formes (spectacles de conteurs, conte en bibliothèque, en milieu scolaire, hospitalier…).

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Lettre à Armand Gatti

Lettre à Armand Gatti, au nom de la conscience.

Par Claude Faber

Tu es parti alors que certains s’entre-déchirent pour prendre le pouvoir. Dante Sauveur Gatti,  dit Armand, tu n’avais que faire des batailles électorales. Comme tu aimais à le répéter, « ce n’est pas la prise de pouvoir qui importe, c’est la prise de conscience. »

La prise de conscience de soi par les mots, par le langage. La prise de conscience de soi et des autres comme autant de particules virevoltant dans l’infini. La prise de conscience du monde par une vraie connaissance et reconnaissance des flux de son histoire. Par le rejet de tout ce qui avilit, de tout ce qui abaisse, de tout ce qui enferme l’homme dans les certitudes et les vérités étouffantes. Continuer la lecture

Hommage à Armand Gatti

Hommage à Armand Gatti (1924 – 2017)

par Christian Thorel

La main gauche soutenant une pile de livres d’art, composée de plusieurs volumes dans l’Univers des formes, l’homme fait un séjour de quelques minutes devant le rayon de littératures d’extrême-orient, la main-droite se saisissant des traductions du chinois. Depuis l’accueil dans l’entrée de la librairie, je l’observe de biais, il séjourne à une dizaine de mètres de moi, de l’autre côté, à l’entrée du minuscule couloir qui mène aux autres rayons de la librairie. Un pull à col roulé, noir, un pantalon de velours côtelé, noir aussi, semblent indiquer une certaine insouciance du vêtement, sans négligence toutefois.

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PEINTURE ET LITTÉRATURE

Exposition des sérigraphies de la maison d’édition               Le bleu du ciel au café des langues

Depuis le 18 février nous accueillons une exposition des sérigraphies de la maison d’édition Le bleu du ciel. Artistes et écrivains sont invités à créer une sérigraphie, des mots et des images composent alors une œuvre originale, poésie et peinture partagent le même support. Avec l’Affiche il y a synthèse unificatrice : nous sommes devant un seul objet, une catégorie à part de poème, fait sur mesure pour l’hybridation de la lecture avec l’espace public. L’Affiche devient le trajet intense vers le poème, celui qui s’écrit dans l’image.


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