Les libraires se livrent

Nous avons tous  des livres incontournables ; nous avons aussi ceux que nous savons pouvoir offrir au vieil ami, à la nièce ado, à la tatie pas toujours Danielle, au fils de copains qui se rebelle ; et puis les histoires qu’on veut partager parce que…sans raison précise !
L’équipe de la librairie s’est donc livrée à une quête dans laquelle il fallait associer le bon livre et la bonne personne : voici ce que cela donne.

  • Pour les cinéphiles, les cinéphobes, et les amateurs de rébus – Film in five seconds, Matteo Civaschi, Quercus publishing.

Solitudes de Vincent Munier

Il est des petits plaisirs liés au métier de libraire que je ne troquerai pour rien au monde. Et celui d’apprendre que l’on peut obtenir le livre d’un petit éditeur d’une telle qualité et de le proposer aux gens m’enchante littéralement.

Vincent Munier est photographe animalier. Il a crée en 2010 la maison d’édition Kobalann et publie en cette fin d’année deux magnifiques ouvrages intitulés Solitudes I et Solitudes II (en vente à la librairie). L’un vertical, l’autre horizontal :  deux manières pour le photographe d’approcher la nature et les sujets représentés.

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Marijuanaland de Jonah Raskin

Le cannabis est dans une curieuse situation juridique en Californie. Alors que la loi fédérale états-unienne en interdit la culture, la vente et la consommation, la loi locale les autorise dans un cadre thérapeutique. Jonah Raskin, journaliste sympathisant gonzo (déjà auteur chez le même éditeur de A la recherche de B.Traven, traque du mystérieux écrivain prolétarien), a lui-même été condamné pour avoir convoyé de la marijuana, et en consomme -sur prescription médicale- pour des maux de dos. Continuer la lecture

L’art du saké de Toshiro Kuroda – Sakés de Laurent Feneau – Le goût du saké de Yasujiro Ozu

Alors que l’on voit fleurir une multitude de livres et coffrets autour des vins, whiskies, bières et autres alcools chers à nos foies … j’ai toujours trouvé dommage que personne n’ait voulu éditer de livre sur le saké : cet alcool de riz si emblématique du Pays du Soleil-levant, destination pourtant au centre de beaucoup de catalogues d’éditeurs. Continuer la lecture

MARIAGE POUR TOUS (ceux qui ont beaucoup d’idées…et un peu d’argent mais pas toujours)

Oui oui, vous le voyez vous aussi dans les rues…il est reconnaissable à son look…moustache/barbe, jeans serrés, bonnets tricotés et parfois noeuds papillons, lunettes aux montures épaisses qui dévorent le visage, il se déplace sur un vélo de courses à pignon uniques (fixies) ou un vespa retapé, un vinyle à la main…et tout cela avec une décontraction et un sens de la dérision hérités de la contre culture 70’s américaine …c’est le HIPSTER, ce cousin pas si éloigné du Dandy…et il a son magasin fétiche : la friperie…
— Attention nous avons traversé une zone turbulente de clichés…J’aurai dû vous prévenir avant…vous en trouverez bien d’autres dans ce joli petit fascicule Dads are the original hipsters. Continuer la lecture

Au bord de la mer violette – Alain Jaubert

Dans quelle mesure Alain Jaubert reste t-il fidèle aux biographies d’Arthur Rimbaud et de Théodor Jozef Konrad Korzienowski, plus connu sous le nom de Joseph Conrad, en les faisant se rencontrer à Marseille le jeudi 24 juin 1875 ? Les biographes savent que l’un et l’autre ont résidé dans la ville. C’est toute la liberté du roman, Au bord de la mer violette, édité chez Gallimard, de rendre possible cette rencontre. Un livre passionnant. Continuer la lecture

Padre Pio – Sergio Luzzatto

En Italie, à quelques mois de la fin de la Première Guerre  mondiale, Padre Pio, prêtre capucin du couvent San Giovani Rotondo, voit apparaître en vision un mystérieux personnage saignant des mains et des pieds. Suite à cette apparition, des stigmates de la crucifixion de Jésus surviennent sur son corps. « Je me suis aperçu que mes pieds, mes mains et mon côté étaient transpercés et laissaient couler du sang ». Continuer la lecture

Renato d’Agostin photographe

Il est des photographes qui ne se paient pas de mots. Lors d’une soirée « privée » discrète, nous avons pu remarquer combien la voie tracée dès le début de sa pratique par cet ami de l’espace et du vide entrevus au travers des premiers plans continue dans le même registre. 
 

 
Souvenez-vous : automne 2011 « Biz’art populaire » et les bâches tendues sur les murs de briques du jardin Raymond VI (depuis cette année les épreuves sont contrecollées sur dibond), l’année de la présence conjointe de Michael Kenna, Renato d’Agostin exposait pour la première fois à Toulouse.
L’intitulé de cette année-là : « Mélancolie ».
Le jeune photographe italien montrait alors une belle série dans un noir et blanc très contrasté appartenant à ses projets antérieurs concrétisés chaque fois par des livres, Metropolis et Tokyo untitled. Continuer la lecture

Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski

« Et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment ? »

C’est une citation de Sartre dans Les mains sales (et avant lui de Saint-Just qui affirmait que « nul ne peut régner innocemment » dans son discours à propos de Louis XVI) que l’on découvre ou redécouvre en lisant ce premier roman de Jean-Philippe Jaworski, qui résume au mieux l’essence de Gagner la guerre. Notre héros et narrateur, Don Benvenuto Gesufal (certains connaissent peut-être Gesufal le Cruel, le roi « gai comme les démons » de Victor Hugo dans Le Jour des rois) spadassin émérite et fieffée crapule, croisé une première fois dans le recueil de nouvelles Janua Vera, nous fait découvrir, au travers des neuf cents pages de la version poche chez Folio SF, le Vieux Royaume et plus particulièrement la cité de Ciudalia. Entre Rome antique et renaissance italienne, nous plongeons sournoisement dans un univers de fines lames, de ruelles sombres et de conspirations en tout genre. Un peu de magie, juste ce qu’il faut, une pincée d’elfes et de nains pour l’exotisme et une palanquée de seconds rôles plus affutés et savoureux les uns que les autres, tous coutumiers au jeu de la guerre et des intrigues. Continuer la lecture