L’art du saké de Toshiro Kuroda – Sakés de Laurent Feneau – Le goût du saké de Yasujiro Ozu

Alors que l’on voit fleurir une multitude de livres et coffrets autour des vins, whiskies, bières et autres alcools chers à nos foies … j’ai toujours trouvé dommage que personne n’ait voulu éditer de livre sur le saké : cet alcool de riz si emblématique du Pays du Soleil-levant, destination pourtant au centre de beaucoup de catalogues d’éditeurs.

      Ce « vide » éditorial a été brillamment comblé par les Éditions la Martinière avec la sortie     au mois d’octobre du beau livre l’Art du saké.

 
 
 
 

Toshiro Kuroda, japonais et vivant à Paris depuis l’âge de vingt ans, nous fait découvrir dans ce livre l’histoire de cette boisson ancestrale, fabriquée à partir de riz poli et fermenté.  Vous saurez donc tout sur la composition et la fabrication de cet élixir, ainsi que sur les différentes maisons qui s’occupent de le confectionner. Agrémenté de photos d’archives provenant de maisons de saké qui, pour la première fois, nous ouvrent leurs portes,  ce livre est un parfait cadeau pour un amoureux du Japon et du saké. La fin de l’ouvrage est, quant à elle, centrée sur le lien entre le saké et la gastronomie. Une dizaine de chefs (Inaki Aizpitarte, Éric Briffard, Jean-Paul Hévin, William Ledeuil… pour ne citer qu’eux!) nous relatent leurs rencontres avec cet alcool et nous concoctent quelques recettes afin de l’accompagner. De quoi réveiller les papilles les plus endurcies! Enfin, une mention toute particulière sur le remarquable travail de photographie, qui allié à une mise en page sobre et sublime, font de ce livre un véritable livre d’art.

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Si le sujet vous intéresse, je vous conseille vivement de lire  « Sakés » de Laurent Feneau aux Éditions Argol, petite maison d’édition dont la collection « vivres » a le mérite de présenter de jolis textes aux sujets innovants. Des déambulations et des rencontres fortuites, digne du héros du « Gourmet solitaire« , font de ce court récit initiatique et gastronomique un petit bijou à lire.

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Enfin, je ne pouvais décemment pas parler de saké sans mentionner un de mes cinéastes japonais préférés : Yasujiro Ozu (1903-1963).   Il est l’un des rares cinéastes à avoir marqué profondément ma vision du cinéma. J’ai revu, il y a peu, « Le goût du saké »  (1962) son dernier film (disponible à la librairie dans le coffret Arte). Comme dans « Printemps tardif » (1949), l’histoire est celle d’un père veuf qui réalise à regret que sa fille Michiko est en âge de se marier et qu’il va bientôt devoir se séparer d’elle.  Les plans fixes d’Ozu de même que  son style épuré et posé mettent en relief ce qui tenait à cœur au cinéaste : le lien ténu qui existe entre les êtres qu’il soit familial ou amical.

Et le lien avec le saké me direz-vous? Et bien, en réalité le titre original du film est « Sanma no aji » que l’on pourrait traduire par « le goût du poisson d’automne ». A priori rien à voir avec le saké. Pourtant la métaphore culinaire est bien là, qu’il s’agisse du poisson ou de la boisson.

Chishu Ryu, acteur fétiche d’Ozu

Ozu comparait lui-même son travail de cinéaste à celui « d’un marchand de tofu » dans le sens où, comme un artisan, il s’intéressait à dépeindre la classe moyenne japonaise avec ses préoccupations quotidiennes (argent, nourriture..) et ses traditions (mariage, deuil..).  Il n’est donc pas étonnant de voir cette allusion gastronomique dans le titre, la nourriture étant un élément essentiel dans ses films,  montrant souvent l’appartenance à une classe sociale ou à un mode de vie (les salary-men avec le saké par exemple). 

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas ou peu ce cinéaste, n’hésitez pas à (ré)écouter, entre autres, l’émission « Une vie, une œuvre » diffusée en mars 2013 sur France culture.

Bonne lecture, bon visionnage, bonne écoute et « kampaï »!

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