« Et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment ? »
C’est une citation de Sartre dans Les mains sales (et avant lui de Saint-Just qui affirmait que « nul ne peut régner innocemment » dans son discours à propos de Louis XVI) que l’on découvre ou redécouvre en lisant ce premier roman de Jean-Philippe Jaworski, qui résume au mieux l’essence de Gagner la guerre. Notre héros et narrateur, Don Benvenuto Gesufal (certains connaissent peut-être Gesufal le Cruel, le roi « gai comme les démons » de Victor Hugo dans Le Jour des rois) spadassin émérite et fieffée crapule, croisé une première fois dans le recueil de nouvelles Janua Vera, nous fait découvrir, au travers des neuf cents pages de la version poche chez Folio SF, le Vieux Royaume et plus particulièrement la cité de Ciudalia. Entre Rome antique et renaissance italienne, nous plongeons sournoisement dans un univers de fines lames, de ruelles sombres et de conspirations en tout genre. Un peu de magie, juste ce qu’il faut, une pincée d’elfes et de nains pour l’exotisme et une palanquée de seconds rôles plus affutés et savoureux les uns que les autres, tous coutumiers au jeu de la guerre et des intrigues. Continuer la lecture