Klemperer, Chalamov : témoigner jusqu’au bout.

Dans Le témoin jusqu’au bout très bel essai qui vient de paraître aux éditions de Minuit, Georges Didi-Huberman s’emploie à lire attentivement le Journal qu’a tenu le philologue allemand Victor Klemperer de 1933 jusqu’à la fin de la guerre. Au travers des notes prises qui relatent les événements de sa vie quotidienne, ce journal est aujourd’hui considéré comme un témoignage capital de la vie dans l’Allemagne nazie.

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30 ans des Éditions de l’Olivier – Aharon Appelfeld

« Je me souviendrai, lorsqu’il le faudra, que nous sommes des êtres éphémères. »

Témoin capital du XXe siècle, romancier d’une force incomparable, Aharon Appelfeld fut la mémoire d’un monde perdu, celui des juifs d’Europe, mais aussi la voix d’un renouveau.

Cette proposition bibliographique a été réalisée par les libraires du rayon littérature de la librairie Ombres Blanches, à l’occasion des 30 ans des éditions de l’Olivier. 

 
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30 ans d’édition vu par Ombres Blanches !

Le fonds des éditions de l’Olivier est riche de près de 900 titres dans lequel la
littérature tient la première place. Depuis trente ans Olivier Cohen et son équipe élaborent un catalogue cosmopolite, au sein duquel de grandes voix françaises
comme Jean-Paul Dubois, Geneviève Brisac, Agnès Desarthe côtoient des géants
nord-américains : Raymond Carver, Cormac McCarthy, Jonathan Franzen ou encore Richard Ford. Toutes les générations se retrouvent sous les branches de cet olivier trentenaire, car accueillir des écrivains c’est aussi abriter des œuvres, et cela se
construit sur le temps long.

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La poésie, comme un refuge

À l’occasion de la 23ème édition du Printemps des poètes, qui aura lieu du 13 au 29 mars 2021, retrouvez la sélection des libraires au rayon poésie, et sur notre site en ligne.
C’est sous le signe du désir, cette affinité élective que nous souhaiterions placer ces quelques choix de lectures parmi une actualité de publication abondante et foisonnante.
Au vu de ce qu’il se publie, la poésie en France fait preuve de vitalité, elle est parcourue de nombreuses voix diverses et variées. Cette sélection n’a d’autre visée que de mettre en avant des livres qui nous ont enthousiasmé. Parce que lire de la poésie ce n’est pas se retirer du monde, c’est faire un pas de côté pour mieux le regarder, en percevoir sa profondeur et sa richesse.
Lire de la poésie comme le disait Baudelaire – et peut être plus que jamais – c’est :

Plonger au fond du gouffre, enfer ou Ciel qu’importe,
Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau.

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Crus ou cuits ? Cuisine et usages du feu.

CRUS OU CUITS ? Cuisine et usages du feu

Marcel Mauss a mis en exergue l’importance de la cuisine et de la préparation des repas comme lien social dans toute société ; cette affirmation vaut aussi pour les premières d’entre-elles, dès la préhistoire. En effet, Claude Lévi-Strauss affirme que « l’Homme culturel » (et par extension, « moderne ») naît avec la cuisson des aliments ; la consommation de produits crus le ramenant à un état «naturel» avilissant.

 
Mythologiques tome 1. Le cru et le cuit, de Claude Lévi-Strauss, éditions Plon

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Les musées en visites nocturnes

Impossible, pour le moment, d’arpenter les allées de vos musées préférés, mais rien ne vous empêche d’y entrer par le biais de la littérature.

8 auteurs, 8 destinations, 8 nuits blanches dans les musées, grâce à la collection des éditions Stock, « Ma nuit au musée ».
 
Leïla Slimani : « Le parfum des fleurs la nuit »

L’auteure a passé la nuit Venise, dans les collections d’art de la Fondation Pinault, et elle y parle de l’enfermement, du mouvement, du voyage, de l’intimité, de l’identité, de l’entre-deux, entre Orient et Occident…
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« Et avec lui, toute la beauté du monde »

Michel Le Bris était un homme de passion et un formidable passeur.
Romancier éditeur, directeur de collections, on lui doit entre autre d’avoir contribué à donner en France ses lettres de noblesse à des romanciers comme Stevenson, Mark Twain ou encore Jack London.
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FAUTEUIL N°12

Essais, chroniques, récits, fictions… Ombres Blanches a toujours eu à cœur de suivre le travail de création de Chantal Thomas.

Spécialiste du XVIIIe siècle, de Casanova et de Sade, elle est également l’auteure de récits plus personnels, comme La vie réelle des petites filles et East Village blues, et de romans, comme Les adieux à la reine, qui lui a valu le Prix Femina 2002 et a été adapté au cinéma par Benoît Jacquot, ou encore L’Échange des princesses, lui aussi adapté au cinéma (par Marc Dugain).

Chantal Thomas par Hermance Triay


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Les Lamelles d’or orphiques

Les Lamelles d’or orphiques. Instructions pour le voyage d’outre-tombe des initiés grecs de Giovanni Pugliese Carratelli, éditions les Belles Lettres. Traduit par Alain Philippe Segonds et Concetta Luna.

Un ouvrage découvrir dans le rayon Histoire, et sur notre librairie en ligne, en un clic 🖱 → https://is.gd/SnOMWJ


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Quarante ans d’édition en France. Épisode 4. Artistes et modèles

En 2019, le Banquet du livre de Lagrasse célébrait les quarante ans des éditions Verdier. En 1979, le monde du livre et de sa distribution était alors bien différent de ce que nous connaissons aujourd’hui. En douze épisodes publiés progressivement sur le blog, Christian Thorel revient pour nous sur ces quarante années qui ont vu le paysage éditorial et le monde de la librairie se bouleverser.
 
On se souvient que nous avons laissé hier ce récit en suspens avec le terme d’« engagement ». En France, le mot est objet de débats, d’études, de « disputes ». Depuis Voltaire jusqu’à Sartre et à Camus, en passant par Hugo et Zola, puis Gide, Barbusse et Malraux, le concours des intellectuels, des poètes, des écrivains, des artistes, à la vie sociale et politique, ne cesse de se discuter. Avant l’avènement des guerres coloniales, les temps ont été aux révolutions ou aux dictatures, aux conflits (Russie, Espagne, Allemagne, Italie). La dernière guerre aura imposé à chacun d’ouvrir les yeux, parfois à des choix personnels, résistance ou soumission. L’horreur nazie, les camps d’extermination, les massacres, le nombre sans fin des morts sur deux continents, la collaboration, la Résistance justement, puis l’espoir pour demain, sont autant de faits qui viennent assigner chacun à sa responsabilité. L’intellectuel qui ne peut donner que ce qu’il a, apporte ce qui l’engage le plus, ce auquel il tient par dessus tout : sa réputation, sa signature et son nom qui engagent sa pensée. Il dispose de sa liberté, et ne le fait jamais sans hésitation ni scrupules (René Rémond, 1959). Pour autant, dès la guerre finie, le débat politique est véritablement engagé. Les revues nouvelles sont les lieux indiqués de cette expression, et le resteront longtemps. Dans Les Temps modernes, Sartre et Merleau-Ponty, en accord avant la rupture, vont s’opposer sur la sortie du capitalisme, des projets et des moyens. L’humanisme des sociétés capitalistes, si réel et si précieux qu’il puisse être pour ceux qui en bénéficient, ne descend pas du citoyen jusqu’à l’homme, ne supprime ni le chômage, ni la guerre, ni l’exploitation coloniale, et, par là même, il est le privilège de quelques-uns et non le bien de tous. (Maurice Merleau-Ponty, Humanisme et terreur, 1947). Si les principes d’égalité et de justice sociale sont ainsi au cœur des discussions dans ce temps des communismes espérés et des « socialismes réels », des ambigüités dans les choix, les débats autour des enjeux politiques engagent la liberté comme une valeur essentielle.

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