Denise Epstein / Théâtre Garonne

Ce texte a été écrit et lu par Christian Thorel au Théâtre Garonne le 1er décembre 2016 à l’occasion d’une soirée consacrée à Denise Epstein dans le cadre des journées de la culture juive.

Survivre et vivre. Ses amis savent le titre du recueil d’entretiens que Denise eut avec Clémence Boulouque, et qui suivit, trois ans après, la sortie de Suite française, un des grands évènements de l’édition des premières années du nouveau siècle. Pensant à celles et ceux qui vécurent la shoah, la menace, la souffrance ou la mort, la mémoire massacrée et le souvenir impossible, on n’oublie ni la dimension du mot « survivre », ni celle du mot « vivre ». Continuer la lecture

LES AMÉRIQUES : L’OUEST

L’Ouest des États-Unis est davantage considéré comme un lieu cinématographique que comme un lieu littéraire. Cela tient peut-être au fait qu’à l’origine, ce grand Ouest est une terre de défricheurs et de pionniers : un rêve d’Eldorado !

Il est toutefois aujourd’hui devenu un lieu de fiction par l’impulsion de grands écrivains comme Cormac McCarthy, Raymond Carver ou encore Richard Brautigan.

 


pelouseLa vengeance de la pelouse
Richard Brautigan, Christian Bourgois, 2002

« J’ai examiné des petits bouts de mon enfance. Ce sont des morceaux d’une vie lointaine qui n’ont ni forme ni sens. Des choses qui se sont produites comme des poussières. « 

Quand ce recueil a paru aux États-Unis, Brautigan avait à peine plus de trente-cinq ans, parvenu  » à mi-chemin « , au lieu et temps des bilans, peut-être, et des nostalgies. Aucun autre livre de Brautigan n’est aussi chargé du lyrisme des souvenirs d’enfance, ni aussi marqué de cette sereine fraîcheur, exempte de toute complaisance, dont il est toujours tant loué.

Ces soixante-deux courts textes, qu’on hésite à appeler nouvelles, sont autant de petites victoires sur les ruses du sort et du temps, et sur soi-même, une succession d’instants privilégiés où l’étrange impassibilité du conteur réalise l’alliance tranquille du malheur et de la blague, jusqu’à ce que telle révélation finale, en forme d’envoi, dissipe l’apparente légèreté du rien, une manière de réconciliation, enfin, avec ses propres amertumes, avec une société américaine en échec, avec l’absurde et le dérisoire de l’univers.

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