LIVRES À OFFRIR (2) – Littérature française et étrangère

Noël approche, et avec, son lot de cadeaux et de surprises. Pour vous donner quelques idées, les libraires d’Ombres Blanches vous proposent de découvrir ici leurs sélections de LIVRES À OFFRIR. De quoi combler d’éventuelles pannes d’inspiration.
Des livres pour tous les âges et pour tous les goûts, des livres dans tous les domaines, des livres dans tous les formats, vous trouverez forcément votre bonheur.
Cette semaine, des idées cadeaux au rayon littérature :

  • De la littérature française :

Ah ! ça ira...
Ah ! ça ira… – Denis Lachaud – Actes Sud – 2015

« Sur le bord du trottoir, dans la fraîcheur de l’aube, il attend. Près de lui ses compagnons d’armes, visage fermé, silencieux. Dans un instant ces hommes seront des assassins, des terroristes, ils vont agir sans le moindre état d’âme. Ils sont entraînés à cela, repérés pour cette capacité de se placer instantanément en état de guerre. […] »

 
La fille de mon meilleur ami
La fille de mon meilleur ami – Yves Ravey – Minuit – 2014

« Avant de mourir à l’hôpital militaire de Montauban, Louis m’a révélé l’existence de sa fille Mathilde dont il avait perdu la trace. Il savait seulement qu’elle avait passé des années en asile psychiatrique et qu’on lui avait retiré la garde de son enfant.
Il m’a alors demandé de la retrouver. Et j’ai promis. Sans illusion. Mais j’ai promis. Et c’est bien par elle que tout a commencé.[…] » Continuer la lecture

« Mes amis » – Emmanuel Bove

Les Éditions l’Arbre Vengeur ont réédité ces derniers jours le livre d’Emmanuel Bove, Mes amis, avec préface de Jean- Luc Bitton, postface de Jean-Philippe Dubois, illustrations de Francois Ayroles, bandeau avec citation de Samuel Beckett, rabats et table, bref un très bel objet pour un très beau et grand texte.
Emmanuel Bove brosse le portrait de Victor Baton et de sa psychologie profonde. De plus, il décrit minutieusement une époque et un décor, la ville de Paris après la première guerre mondiale. Le ton de Bove, ironique et compatissant, réussit à émouvoir sur les histoires de Victor Baton, ancien combattant de la guerre 14-18, qui erre dans Paris à la recherche d’un ami. L’intrigue est simple et le constat désabusé car cette recherche semble immanquablement vouée a l’échec. Victor Baton est un personnage commun, dans le sens d’un personnage anonyme à la recherche de sa place dans la grande ville. Continuer la lecture

La rentrée littéraire : « Les loups à leur porte » – Jérémy Fel

L’attention que l’on porte d’ordinaire aux premiers romans est toute particulière parce qu’elle est portée par l’espoir d’une promesse. Celle de la nouveauté de ton, de la découverte d’une nouvelle voix. La rentrée littéraire est un moment privilégié pour la découverte de ces voix là.
Il y a chez Jeremy Fel dans son roman Les loups à leur porte cette nouveauté qui se met à l’oeuvre. Ce qui frappe avant tout dans ce roman et qui fait – il me semble – sa réussite, c’est la précision de la mécanique  romanesque. Le livre est à bien des égards une machine formidablement huilée.  Ce ne serait pas incongru de parler de thriller. Continuer la lecture

Bientôt la rentrée littéraire… Le metteur en scène polonais

Antoine Mouton, Le metteur en scène polonais, chez Christian Bourgois en septembre.

Dans le premier roman d’Antoine Mouton, nous sommes en présence d’un metteur en scène polonais que l’adaptation d’un roman d’un auteur autrichien mort en pièce de théâtre est en train de rendre fou.
Peut-être il y a-t-il des époques où être sage, c’est être fou ; peut-être aussi que notre homme polonais a un terrain propice à la folie ; peut-être qu’être polonais est par nature une circonstance aggravante.
Dans ce cas précis, c’est le roman qui pose problème car il se comporte- le roman – comme un corps autonome, un objet organique. Et c’est un problème de mise en scène insoluble que de s’apercevoir que les personnages et leurs actions changent d’une lecture à l’autre. Continuer la lecture

Entre les deux il n’y a rien – Mathieu Riboulet

Angles.
J’ai lu le livre de Mathieu Riboulet il y a quelques jours, Entre les deux il n’y a rien,
à paraître aux Éditions Verdier à la rentrée. Depuis j’y pense assez souvent, je cherche des angles, des perspectives, des chemins.
Aujourd’hui, le 30 Juillet, je prends mon temps, j’ouvre un livre et le referme, j’écoute un morceau de musique et je remarque sur la page d’accueil de la radio France Culture (la grille d’été c’est presque les vacances !) une fenêtre qui annonce la diffusion d’un séminaire de Diogo Sardinha (Président du Collège international de philosophie, chercheur de NoSoPhi de Paris I et membre du centre de Philosophie des sciences de l’université de Lisbonne), séminaire qui s’intitule : « Ce que nous faisons de nous-mêmes : politique, violence et anthropologie ».
J’entre par la fenêtre. Un court texte résume le contenu de la conférence, (que je retranscris en partie et que vous pouvez lire sur le site de la radio ; la conférence est disponible aussi). Il dit : Continuer la lecture

Caprice de la reine – Jean Echenoz

Après n’avoir fait qu’une bouchée de Caprice de la Reine , je me suis posé quelques questions sur la forme – le fonds – l’intention – et je crois avoir trouvé mes réponses dans son titre : les enfants trop gâtés ne sont pas les seuls à faire des caprices. Les musiciens aussi, et de nommer Caprices – Capriccio – une forme musicale qui donne son nom à des compositions plus libres et enjouées. Ainsi, par exemple, Les capriccio italiens de Piotr Tchaikovski, Le capriccio espagnol de Nikolai Rimski Korsakov ou encore Le capriccio pour piano et orchestre d’Igor Stravinski. Continuer la lecture

Urbs de Raphaël Meltz

Le discret Raphaël Meltz, fondateur de la revue indépendante Le Tigre, endosse le costume et la plume de Balzac avec Urbs, réécriture dynamitée de L’Histoire des Treize : treize personnages aux portraits saturés se réunissent pour sortir Paris de sa torpeur. Tour à tour ils présentent les propositions les plus ambitieuses pour changer le monde et nous le faire voir différemment. Cela va du plus pacifiste partage par l’échange d’émotions, en passant par la gratuité de consommation, à des projets plus extrêmes encore comme la provocation d’un crash boursier. Raphaël Meltz imagine et met en scène pour nous treize façons de faire la révolution. Continuer la lecture

Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski

« Et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment ? »

C’est une citation de Sartre dans Les mains sales (et avant lui de Saint-Just qui affirmait que « nul ne peut régner innocemment » dans son discours à propos de Louis XVI) que l’on découvre ou redécouvre en lisant ce premier roman de Jean-Philippe Jaworski, qui résume au mieux l’essence de Gagner la guerre. Notre héros et narrateur, Don Benvenuto Gesufal (certains connaissent peut-être Gesufal le Cruel, le roi « gai comme les démons » de Victor Hugo dans Le Jour des rois) spadassin émérite et fieffée crapule, croisé une première fois dans le recueil de nouvelles Janua Vera, nous fait découvrir, au travers des neuf cents pages de la version poche chez Folio SF, le Vieux Royaume et plus particulièrement la cité de Ciudalia. Entre Rome antique et renaissance italienne, nous plongeons sournoisement dans un univers de fines lames, de ruelles sombres et de conspirations en tout genre. Un peu de magie, juste ce qu’il faut, une pincée d’elfes et de nains pour l’exotisme et une palanquée de seconds rôles plus affutés et savoureux les uns que les autres, tous coutumiers au jeu de la guerre et des intrigues. Continuer la lecture

Dramuscule

Ma chère Lise de Vincent Almendros, Éditions de Minuit

Un jeune professeur tombe amoureux de son élève : voilà l’intrigue du premier roman que publient les Éditions de Minuit en cette rentrée. Intrigue pour le moins ténue, qui fait dire à une partie de la critique que ce roman s’inscrit dans la droite ligne du catalogue de la maison à l’étoile bleue : le minimalisme.

Camille Laurens, dans un article du Monde au sujet du dernier livre d’Hélène Lenoir (Pièce rapportée, publié aux mêmes Editions de Minuit), écrit : « …(ce texte) devrait rendre caduque l’opposition factice entre romancier de l’intime et romancier du monde (…) La sauvagerie des individus dans leur espace privé présente et déplie la violence des conflits extérieurs. » On pourrait reprendre cette citation au sujet du roman de Vincent Almendros. Pas de projet démonstratif ici, ni dans la forme, ni dans le fond. Et c’est justement tout l’intérêt de ce texte, qui nous rappelle que notre vie est faite de ces événements minuscules qui nous semblent insignifiants, mais n’en sont pas moins les composants de nos drames les plus ravageurs et de nos joies les plus intenses. Continuer la lecture