La rentrée littéraire : « Les loups à leur porte » – Jérémy Fel

L’attention que l’on porte d’ordinaire aux premiers romans est toute particulière parce qu’elle est portée par l’espoir d’une promesse. Celle de la nouveauté de ton, de la découverte d’une nouvelle voix. La rentrée littéraire est un moment privilégié pour la découverte de ces voix là.
Il y a chez Jeremy Fel dans son roman Les loups à leur porte cette nouveauté qui se met à l’oeuvre. Ce qui frappe avant tout dans ce roman et qui fait – il me semble – sa réussite, c’est la précision de la mécanique  romanesque. Le livre est à bien des égards une machine formidablement huilée.  Ce ne serait pas incongru de parler de thriller.
A première vue on saute d’un personnage à un autre, d’une histoire à une autre comme dans un recueil de nouvelles sans que les personnages n’aient de liens apparents. Tout débute par les tracas d’une mère en pleine nuit, inquiète pour son fils alors qu’il est précisément en train de mettre le feu à la ferme. Puis brutalement on passe à une histoire toute autre, celle de Duane qui vient de soustraire un enfant à sa mère et qui  l’embarque pour une traversée des Etats-Unis. Mais quelle est la destination finale ? Et qui vont-ils rencontrer sur leur chemin ? Et puis peu à peu, au fil des chapitres qui tous mettent en scène, j’allais dire en évidence, un personnage différent ; on voit se créer des réseaux entre eux ; des filiations s’établissent qui mettent à jour un tissu très dense de liens entre les acteurs de ce drame.
Tout cela contribue à donner au roman – car c’en est un – toute sa cohérence, son unité. Et justement ce qui unit toute cette comédie humaine, c’est le mal : celui qui rôde autour de nous, celui qui s’empare parfois d’un être et qui le pousse à commettre l’irréparable, l’acte monstrueux. Au cœur du roman il y a ce mal qui transforme l’humain en monstre psychopathe.
Jeremy Fel  nous montre cette monstruosité, mais nous laisse le soin d’en être le juge. Et c’est bien là, dans cette atmosphère inhospitalière et étouffante que réside la puissance du roman.
Le loup est à notre porte et la lecture se fait inquiète, fiévreuse…
Les loups à leur porte
 
Les loups à leur porte, Jérémy Fel – Rivages – 2015

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