Il y a bien longtemps que je n’avais pas lu de science-fiction mais dès les premières lignes ma curiosité fût piquée. J’entrais au fur et à mesure dans un monde à la fois sombre et torturé et dont l’espoir était si étouffé que l’on entendait à peine, au loin, son faible battement de cœur. Continuer la lecture
« Les découvertes » de Eric Laurrent
« La quatrième de couverture du dixième et dernier roman en date d’Éric Laurrent, écrivain français contemporain édité chez Minuit depuis 1995, a de quoi séduire : Continuer la lecture
Jacques Rancière – Propos épars… proposés par Ombres blanches
Jacques Rancière à Ombres Blanches et à la Médiathèque José Cabanis.
Entretien avec Jacques Rancière à la librairie autour de son essai, Aisthésis, scènes du régime esthétique de l’art (Gallimard) ;Rencontre organisée à la Médiathèque José Cabanis le 1er mars 2012. Interviewé et filmé, caméra à la main, par Mihai Mangiulea. Continuer la lecture
« Le sentier de la gloire » de Jeffrey Archer
Roman absolument passionnant inspiré de la vie du célèbre alpiniste Georges Leigh Mallory dont le rêve était de gravir l’Everest.

Le 8 juin 1924, à quelques mètres du Mont Everest, Georges Leigh Mallory et son compagnon de cordée Andrew Irvine, sont aperçus vivants pour la dernière fois. Soixante-quinze ans plus tard, le 01 mai 1999, une expédition américaine découvre sur la face Nord le corps exceptionnellement conservé de Mallory. Cette découverte soulève alors beaucoup de questions sans réponses. Ont-ils trouvé la mort en allant au sommet ou bien sur le chemin du retour? Mallory a-t-il pu réaliser son rêve d’être le premier à fouler la neige glacée de ce sommet ? Continuer la lecture
Je veux mon chapeau – Jon Klassen
C’est un album décalé et irrésistible qui ravira les plus petits et obligera les plus grands à le relire sans fin à voix haute, pour le plaisir de tous . Où l’humour le plus fin le dispute à la cruauté la plus irrémédiable !
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« L’ivresse du kangourou » de Kenneth Cook
Faisant suite au Koala tueur et à la Vengeance du wombat, les éditions Autrement nous livrent en ce début d’année le dernier opus de Kenneth Cook, L’ivresse du kangourou.
Digne d’un Buster Keaton, l’auteur nous convie, de péripéties en péripéties, à découvrir ses compatriotes humains et animaliers australiens. Partant du principe qu’une idée reçue est rarement vraie, il s’évertue à nous montrer, entre autres, qu’un koala n’est pas toujours un gentil animal ou qu’il ne fait pas bon se trouver dans les parages d’un kangourou avec une gueule de bois.
“Le problème avec l’outback, c’est que vous avez beau prendre des précautions et soigneusement éviter tout danger potentiel, il reste toujours une chose que vous avez oubliée ou à laquelle vous n’auriez jamais pensé :celle qui va surgir et vous terrasser.”
C’est un régal de lire ces histoires tout à la fois burlesques et abracadabrantesques. Une simple balade sur la plage avec un chien ou la présence d’inoffensifs lézards à bord d’un avion : Tout devient épique avec Kenneth Cook. On a souvent du mal à croire à ses tribulations tellement les situations sont cocasses mais on ne peut s’empêcher de rire devant l’effort surhumain que le narrateur déploie afin de se sortir de ces mêmes situations.
L’ivresse du kangourou– Kenneth Cook – éditions Autrement,2012 – 17€
Les sélections du Club lecture jeunesse !
Voici une sélection d’ouvrages choisis par nos lecteurs du club lecture jeunesse. Ils ont entre 11 et 15 ans et ont décidé de vous faire partager « à chaud » leurs coups de cœur : alors bonne lecture ! Continuer la lecture
Leslie Caron – Propos épars…proposés par Ombres blanches
Leslie Caron à la Cinémathèque de Toulouse – Ombres Blanches
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Rencontre avec Leslie Caron lors de sa venue à la Cinémathèque de Toulouse, en partenariat avec Ombres Blanches, pour présenter ses mémoires Une française à Hollywood, (Baker Street).
Interviewé et filmé, caméra à la main, par Mihai Mangiulea.
Rithy Panh– Propos épars…proposés par Ombres blanches
Rithy Panh à Ombres Blanches
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=ebCoDW-puG4[/youtube]
Entretien avec Rithy Panh lors de sa venue à la librairie le 14 janvier 2012 pour nous parler de son livre L’éliminiation (Grasset), co-écrit avec Christophe Bataille.
Interviewé et filmé, caméra à la main, par Mihai Mangiulea.
David Mitchell – Les mille automnes de Jacob de Zoet
Dejima est une île artificielle construite dans la baie de Nagasaki au Japon, l’île sert de port d’attache à la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. En 1799, quand débute le roman, la Hollande est le seul pays (avec la Chine mais dans une moindre mesure) autorisé à commercer avec le Japon. Ce Japon des shoguns, tout empli de mystères parce que totalement isolé du reste de la planète. Un monde secret qui, depuis les quais de Dejima se refuse même à un simple regard.
Jacob de Zoet est un jeune clerc ambitieux, venu pour faire fortune afin de consolider ses projets de mariage en Europe ; il n’est armé que de son seul courage et d’une rigueur morale semble t-il à toute épreuve. Intégrité qui ne fait certes pas bon ménage sur l’île avec ce culte de l’argent roi, cette religion du commerce qui s’impose partout avec ses relents de corruption généralisée . Jacob l’apprendra à ses dépends. Mais tout cela ne serait rien sans compter sa rencontre avec Orito une jeune sage-femme japonaise dont – événement quasi improbable – il tombe amoureux.
Les mille automnes de Jacob de Zoet est une grande fresque, magistrale en tous points. Mitchell y déploie tous les registres du roman, passant du roman d’aventures à l’histoire d’amour, du roman de formation à la grande fresque historique. Ce genre de roman gagne en intensité quand, derrière la peinture historique et par-delà les ressorts romanesques, se déploie une analyse et une vision ; tout un réseau de sens qui se met en place. Mitchell nous montre avec subtilité comment et de quoi sont faites les relations entre le Japon et les occidentaux. L’ambiguïté qu’il y a à vouloir commercer sans chercher à se connaître, les rapports de défiance qui sous-tendent les relations commerciales. Doivent t-ils être mis à la solde de l’esprit tortueux des japonais ou de l’incroyable arrogance occidentale. Il y a là un cas exemplaire de rapports dominant/dominé qui s’alterne sans cesse. Les japonais ne veulent pas laisser entrer le monde extérieur notamment par peur du christianisme, et les occidentaux ont pour la plupart une soif de connaissance du monde nippon mais à des fins de prise d’influence ou de pouvoir.
L’hypocrisie est une des composantes maîtresses des règles sur Déjima, il faut garder à l’esprit que les hollandais ne sont pas des colons, mais des marchands ; l’enjeu n’est pas une mission civilisatrice, mais pécuniaire et commerciale…mais quel enjeu !
Pourtant si Les mille automnes de Jacob de Zoet devient au fil des pages la peinture de cette modernité en devenir (nous sommes à l’aube du XIXe siècle) dont on voit aujourd’hui où elle nous a conduit, Mitchell joue subtilement à ne pas mettre les deux mondes en opposition, mais en regard, en accentuant ce qui pourrait les rapprocher. Ces deux inconciliables en apparence se révèlent être poreux, et des liens même s’ils sont ténus existent. C’est sans doute pourquoi dans le roman le lecteur change de focale avec autant d’aisance, en étant finalement des deux cotés de la mince ouverture du port de Déjima.
Les mille automnes de Jacob de Zoet est de ces romans auxquels on s’attache plus que de raison. Ce genre de livres qui nous accompagne bien au delà de la dernière phrase, dans lesquels on se sent chez soi et que l’on souffre d’achever de peur de se sentir abandonné. Sans doute est-ce dû à la force de l’intrigue que met en place David Mitchell ; plus elle s’épaissit et s’opacifie et plus elle prend la forme d’une partie de Go, ce jeu subtil qui voit gagner celui qui déploie la stratégie la plus retorse…Pour la plus grande joie du lecteur.
Les mille automnes de Jacob de Zoet – David Mitchell – Éditions de L’Olivier, 2012 – 24€
Notons la parution attendue en format poche : éditions Points, 2013. Une raison de plus pour le mettre entre toutes les mains.