Sur la plage de Chesil – Ian McEwan

« Ils étaient jeunes, instruits, tous les deux vierges avant leur nuit de noces, et ils vivaient en des temps où parler de ses problèmes sexuels était manifestement impossible […] ». Ce court roman, de moins de 160 pages, commence avec cette phrase qui, en dépit de son apparente banalité, suscite immédiatement la curiosité du lecteur. Nous plongeons alors dans l’Angleterre du début des années 60 pour rencontrer ces deux jeunes gens : Edward et Florence. Tous deux viennent de se marier et se retrouvent dans un hôtel au bord de la Manche pour célébrer leur lune de miel. Le couple se connaît depuis plus d’un an et ne semble pourtant pas totalement à son aise. Nous apprenons à les connaître grâce à des analepses au fil desquelles nous assistons à leur rencontre, à leurs premières sorties. L’auteur profite également de ces retours en arrière pour dépeindre leur cercle familial et nous faire partager leur vision de la vie à travers leurs pensées les plus profondes et les plus intimes. Continuer la lecture

Indian Creek de Pete Fromm

Je m’arrêtai au poteau téléphonique dont le garde m’avait assuré qu’il serait mon seul lien avec le monde extérieur. Nous avions découvert la veille que le téléphone ne fonctionnait pas. Je le décrochai tout de même. J’écoutais son silence sourd, la voix du reste du monde.”

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A l’automne 1978, Pete Fromm s’apprête à passer sa troisième année  à l’Université du Montana lorsqu’il apprend par hasard que le Fish and Game Department de l’Idaho (organisme de réglementation de la chasse et de la pêche) cherche quelqu’un pour s’occuper de 2 millions et demi d’œufs de saumon implantés dans un bras de rivière. Le travail semble simple : veiller sur les œufs afin de leur permettre de passer l’hiver sans geler pour qu’ils puissent entamer leur migration vers l’Océan une fois le printemps venu. Continuer la lecture

Les animaux malades du consensus de Gilles Châtelet

En 1998 paraît aux éditions Exils puis en Folio un essai étonnant et plein d’une verve rageuse Vivre et penser comme des porcs. Ce texte frondeur et féroce est depuis régulièrement réimprimé.
Les éditions Lignes publient aujourd’hui un recueil de textes et d’interventions inédits de son auteur Gilles Châtelet, philosophe et mathématicien polémiste et révolté.Les animaux malades du consensus réunit autour de six axes une pensée aiguisée, rigoureuse, loin de toute niaiserie pseudo-humaniste qui dénonce tour à tour la société des loisirs, le culte de la performance et de la vitesse, la diabolisation des drogues, la poursuite d’un idéal de conformité molle et consensuelle. Au-delà du style, impeccable, on trouve dans cet essai une pensée réellement capable de s’insurger, une énergie rageuse mais réfléchie communicative mais jamais simpliste.

« La liberté n’est pas un choix mais un fait fait, il ne s’agit pas seulement d’invoquer son principe mais bien de travailler aux conditions de son exercice« . La lecture de Gilles Châtelet nous pousse à une patiente action.
Les animaux malades du consensus

« Latitude Zéro » de Mike Horn

Sud-africain de 35 ans, Mike Horn n’en est  pas à son premier voyage. Pourtant celui qu’il s’apprête à faire à l’été 1999 n’est pas commun et semble même impossible : le projet étant de parcourir la Terre le long de l’équateur, d’où le titre de « Latitude zéro ». Plus qu’un voyage initiatique ce projet est une pure folie. Pour traverser l’Océan Atlantique, l’Amérique du Sud, l’Océan Pacifique, les îles Indonésiennes, l’Océan Indien et l’Afrique, il faut être un peu inconscient, beaucoup aventureux, et complètement fou. Mais qui n’a pas secrètement rêvé, un jour, de tout quitter et de partir tout comme lui…

Tout ce voyage est un suspens haletant et chaque page amène son lot d’aventures. Dès le départ on sent que cette expédition ne tient qu’à un fil, un fil invisible, la ligne de l’équateur. Continuer la lecture

Le coup du siècle, ou comment s’assurer une bonne retraite

Baru, de son vrai nom Hervé Barulea, est un auteur incontournable de la scène de la bande dessinée française. Récompensé à plusieurs reprises au festival d’Angoulême, pour Quéquettes blues (1985), pour Le chemin de l’Amérique (­1991), et pour l’Autoroute du soleil (1996), il vient en janvier dernier, de recevoir le grand prix de la ville pour l’ensemble de son œuvre. Ces distinctions félicitent un auteur d’une constance remarquable, et qui s’attache à mettre en scène de petites gens, que la vie a rarement épargnés, et dont la condition sociale est difficile. Ce qui ne l’empêche pas de proposer des histoires toujours tendres, souvent drôles, en tous cas pleines d’espoir. Continuer la lecture

Sendak et Michel Defourny

Le 21 juin dernier, le CRL Midi-Pyrénées et la Médiathèque José Cabanis ont consacré une journée d’étude à Maurice Sendak, grand classique indémodable et fondateur de la littérature de jeunesse contemporaine (auteur de Max et les maximonstres ) . L’invité d’honneur de cette journée était Michel Defourny, titulaire du cours de Littérature pour la Jeunesse à l’Université de Liège . Continuer la lecture

Coeur d’encre de Cornélia Funke


Meggie vit avec son père Mo (Mortimer), restaurateur de livres, depuis la disparition de sa mère, des années auparavant. Un soir survient un visiteur impromptu et étrange (Doigt de poussière) que semble pourtant  bien connaître Mo, et qui réclame un objet désiré par un individu dont Mo espère que sa fille « n’aura jamais à le rencontrer » : Capricorne. Ce que la fillette apprendra très vite, c’est que l’objet en question est un livre « Cœur d’encre », dont sont issues toutes ces sinistres personnes ; car le talent extraordinaire de Mo est de faire surgir parfois des personnages des livres  qu’il lit à voix haute, au point de les rendre vivants. Continuer la lecture

Tempête à Brest

A Brest, la librairie Dialogues a la pilule aussi amère que l’eau du port. 150 mg de principe actif dans un médicament suspendu pour toxicité par les autorités sanitaires sont à la base d’un livre de 250 grammes dont le principe actif (le constat et l’analyse du médicament) n’est pas vraiment remis en cause. C’est l’emballage du livre qui a déclenché la tempête. Et l’action en justice des laboratoires Servier, dont le produit au nom si évocateur de Médiator se révèle aussi toxique que Terminator. C’est du moins l’analyse qu’en produit l’auteur du livre, médecin spécialiste aux hôpitaux de Brest. La justice a tranché: si les conclusions de l’investigation ne sont pas remises en cause, l’emballage est prohibé. Retour à l’imprimerie. Frais de justice, de réimpression et de destruction de stocks, pour un éditeur qui débute, notre confrère de la librairie Dialogues à Brest.
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