LA FAMILLE

30486805-vieilles-lettres-et-photos-de-famille-anciennes-originaux-images-vintages-de-ca-1900Nabokov au début de Ada ou l’ardeur nous rappelle l’incipit du roman de Tolstoï Anna Karenine :

« Toutes les familles heureuses sont plus ou moins différentes, toutes les familles malheureuses se ressemblent plus ou moins. »

 

C’est donc avec la famille, les pères, les mères, les enfants, tout ce qui fait le terreau de ce que nous sommes en bien comme en mal que nous vous invitons à passer la fin de l’année.

Et puis la famille c’est aussi celle qu’on se choisit, celle qu’on décide d’avoir. En cela la grande communauté des écrivains peut en être une…


 
marin
Marin mon cœur
Eugène Savitzkaya, Minuit, 2010

Dans ce livre, tout se passe pour la première fois. Marin découvre le monde et le monde découvre Marin. Marin ou une partie de Marin peut se dissoudre dans l’eau et s’élever dans l’air. Marin est hypnotisé par un chat. Marin oblige la mer à s’aplatir. Marin mange du poisson et Marin mange de la terre. Le riz fait rire Marin. Marin ou une partie de Marin s’enfuit en carrousel. Qui est Marin et de quoi est-il fait ? À ces deux questions, il n’existe qu’une réponse. Mais l’auteur préfère donner sa langue au crapaud-buffle.

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nageur
Le nageur

Zsuzsa Bank, Point, 2005

Hongrie, 1956 : sans un mot d’explication, Katalin quitte sa famille et se réfugie à l’ouest. Son mari, Kalman, vend sa maison et s’en va avec ses deux enfants, Kata – la – narratrice – et Isti. Pendant des mois, des années peut-être, ils évoluent ainsi hors du temps et du monde, dans un univers glacial, chaleureux, irréel. Isti est un enfant mystérieux, rêveur, capable d’entendre parler la neige et les pierres, amoureux fou de l’eau, qui devient peu à peu son milieu naturel, celui de leur seul bonheur – mais aussi celui de la mort qui guette.

Le nageur fait résonner en nous avec pudeur une musique venue d’un temps oú, enfants, nous avions nous aussi le bonheur de ne pas comprendre le monde autour de nous.

 

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quidam
Bleu éperdument
Kate Braverman, Quidam, 2015

Elles sont le plus souvent seules, fragiles, à bout de nerfs ou sous influence et, à la quarantaine, mélancoliques voire désespérées. De Beverly Hills aux appartements anonymes de quartiers déclassés, parfois filles-mères, elles fréquentent les Alcooliques Anonymes, se confrontent à l’irréparable ou attirent des hommes qu’elles auraient mieux fait d’éviter.

En une langue sensuelle et luxuriante, Bleu éperdument raconte l’abîme intérieur de quelques femmes de Los Angeles à l’approche d’un millénaire « dépourvu d’illusions ».

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venusOù vont les arbres ?
Vénus Ghoury-Ghata, Mercure de France, 2011

« L’intention de raconter les forêts de mon pays incendiées par quinze années de guerre a tourné court.

Des personnages ont surgi au fil de l’écriture, ont pris d’assaut les poèmes. Enfants vêtus d’écorce. Mères faites du même bois que la table. Ils ont poussé les murs, disloqué les maisons, fraternisé avec les arbres, partagé leurs peurs et leurs jeux. »

 
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agneauL’agneau carnivore
Agustin Gomez Arcos, Stock, 1976

Pendant les seize premiers jours de son existence, l’enfant est resté prostré dans son berceau : les yeux fermés, pas un cri, pas un geste. Le seizième jour, il ouvre les yeux. Sa mère, déçue – elle espérait un monstre ù, se désintéresse de lui et le fait transporter dans « l’autre chambre », celle d’Antonio son fils aîné.

L’enfant a grandi dans le secret de l’amour exclusif de son frère, Antonio, initiateur du plaisir et du savoir, par lequel le monde s’est ouvert à lui. L’enfant se découvre un passé, il déchiffre autour de lui sa propre histoire. Il ne vit que par l’amour qu’il porte à son frère et par la haine qu’il voue à sa mère, les deux faces d’un même sentiment. Sa mère meurt, son frère le quitte. Il s’expatrie. Il ne lui reste qu’à écrire son histoire en attendant le retour de son frère dans la maison de leur enfance.

Par delà l’anecdote biographique et le tableau familial, le lecteur découvre l’image inquiétante et symbolique de l’Espagne d’aujourd’hui. Espagnol exilé, l’auteur nous offre avec L’agneau carnivore son premier roman écrit en français. Traducteur-adaptateur de Giraudoux, auteur dramatique, il a obtenu deux fois le Prix Lope de Vega avant son exil. Il a été joué à Paris, dans divers cafés théâtres.

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chanLes oiseaux
Tarjei Vesaas, Plein chant, 2003

Il est des choses qu’il vaut mieux ne pas approfondir ou dont mieux vaut ne pas parler.

Mattis le sent obscurément, tel le fait que l’on a donné son nom et celui de sa sœur Hege aux trembles morts émergeant des sapins proches de leur maison, ou encore que les gens l’appellent ahuri, quand ils ne se doutent pas qu’il les entend, et rechignent à lui confier un travail quelconque. Lui non plus n’aime pas en demander. Il sait trop quel désarroi le saisit presque aussitôt. Mattis préfère rêver dans la forêt, écrire dans la boue un message d’amitié à un oiseau.

Tout lui est signe et présage : cette bécasse qui survole son logis et qu’un chasseur tue par sa faute, ce tremble que foudroie l’orage et qui représente lui ou Hege… que Hege meure ou cesse de s’occuper de Mattis, comment vivrait-il ? L’idée chemine dans son esprit et l’obsède quand, devenu passeur sur le lac, il amène chez eux Jörgen le bûcheron. Petite âme à demi éveillée, coeur d’oiseau qui se débat dans les brumes où s’enveloppe pour lui le monde réel, Mattis en vient à forger son propre destin et c’est ce qui rend si poignante cette histoire d’un simple où Tarjei Vesaas transcrit l’inexprimable enfoui au fond des êtres.

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oedipeŒdipe sur la route
Henri Bauchau, Actes Sud, 1998

Déchu, aveugle, Œdipe a franchi les portes de Thèbes.

Antigone aussitôt se met en chemin. non loin se tient Clios, ou le bandit, dont la cruauté est célèbre à travers l’Attique. ainsi débute l’errance d’un demi-dieu maudit, de sa fille, de leur compagnon. Sans deviner quels sentiments les unissent -ignorant qu’ils progressent vers Colone où Œdipe entrera dans la légende- ces trois-là sont peu à peu livrés au plus énigmatique des destins.

Roman d’aventures ? Oui, tant il est vrai qu’Henry Bauchau nous guide dans la nuit des temps et, au plus près de ses personnages, nous fait partager leurs épreuves.

Mais le narrateur aborde bientôt d’insoupçonnés rivages, convoque les arts et les songes, la danse et la sculpture, la folie et la tendresse, le délire et le chant. Et c’est au bord des abîmes que sa méditation trouve ses plus profondes résonances. Écrit dans la maturité, gravé dans la plénitude d’une interrogation universelle, ce roman marque le retour à la prose du poète Henry Bauchau. Un retour qui force notre admiration.

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kafka
Lettre au père
Franz Kafka, Gallimard, 2002

« Très cher père, Tu m’as demandé récemment pourquoi je prétends avoir peur de toi. Comme d’habitude, je n’ai rien su te répondre… »

Réel et fiction ne font qu’un dans la lettre désespérée que Kafka adresse à son père. Il tente, en vain, de comprendre leur relation qui mêle admiration et répulsion, peur et amour, respect et mépris.

 
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