J. M. Coetzee et Thomas Bernhard : Autoportraits

« L’après-vous c’est pour quand d’après-vous ? » (Raymond Devos)
Il est des fois où le hasard fait bien les choses. Il est donc heureux que paraissent en poche, et en même temps, les textes de Bernhard et de Coetzee, Mes prix littéraires et L’été de la vie. L’un publié en 2009 à titre posthume (Bernard meurt en 1989 à Gmunden). L’autre publié à titre faussement posthume en 2010 (Coetzee est né en 1940 au Cap). Cela tombe d’autant plus à point que nous entrons maintenant dans la sacro-sainte saison des prix littéraires. Et nos deux auteurs ne manquent pas de décorations ! Continuer la lecture

L’avril enchanté d’Elizabeth von Arnim : badinage entre amies à l’ombre des jardins en fleurs

A rebours du désenchantement actuel, Elizabeth von Arnim nous offre avec son Avril enchanté, publié en 1922, un roman solaire débordant d’une joie de vivre communicative, alors même que les années folles faisaient swinguer les flappers dans les bars enfumés des capitales européennes.

Mrs Wilkins, jeune femme réservée, aspire à une vie moins effacée, à une existence plus proche de sa sensibilité et non circonscrite par des représentations sociales qui l’étouffent. Elle décide donc de fuir le printemps pluvieux britannique et répond à une petite annonce du Times proposant un château à louer pour le mois d’avril sur la Riviera italienne. La dévote et philanthrope Mrs Arbuthnot la suit, abandonnant son mari qui préfère composer des histoires polissonnes plutôt que de la choyer. A la barbe et au nez de leurs maris, les deux comparses trouvent deux autres partenaires pour partager les frais du séjour. L’acariâtre Mrs Fisher, l’enquiquineuse vecchia qui vit dans le passé regretté d’une ère victorienne flamboyante, et la délicieuse et magnifique Lady Caroline Dester, célibataire oisive, surnommée « la breloque », qui désire fuir de trop nombreux et trop pressants soupirants. Continuer la lecture

Rosa Candida de Audur Ava Olafsdottir

Arnljotur, jeune homme d’une vingtaine d’années, part de chez lui pour aller travailler à la reconstruction du jardin d’un monastère, jardin laissé à l’abandon depuis plusieurs années alors qu’il abritait la plus belle roseraie du monde. Notre personnage emporte avec lui quelques plants de Rosa Candida, espèce rarissime de roses cultivée avec soin dans la serre familiale par sa mère. C’est elle qui lui a transmis sa passion de l’horticulture, avant de mourir quelque temps avant le départ d’Arnljotur pour le continent. Le jeune homme part seul, laissant sa toute petite fille avec Anna, jeune femme qu’il n’a connue qu’une nuit et qui est tombée enceinte à la suite de cette brève rencontre. Continuer la lecture

Sur la plage de Chesil – Ian McEwan

« Ils étaient jeunes, instruits, tous les deux vierges avant leur nuit de noces, et ils vivaient en des temps où parler de ses problèmes sexuels était manifestement impossible […] ». Ce court roman, de moins de 160 pages, commence avec cette phrase qui, en dépit de son apparente banalité, suscite immédiatement la curiosité du lecteur. Nous plongeons alors dans l’Angleterre du début des années 60 pour rencontrer ces deux jeunes gens : Edward et Florence. Tous deux viennent de se marier et se retrouvent dans un hôtel au bord de la Manche pour célébrer leur lune de miel. Le couple se connaît depuis plus d’un an et ne semble pourtant pas totalement à son aise. Nous apprenons à les connaître grâce à des analepses au fil desquelles nous assistons à leur rencontre, à leurs premières sorties. L’auteur profite également de ces retours en arrière pour dépeindre leur cercle familial et nous faire partager leur vision de la vie à travers leurs pensées les plus profondes et les plus intimes. Continuer la lecture