« L’Histoire à venir » à Toulouse

LES JOURNÉES DE L’HISTOIRE À OMBRES BLANCHES ET DANS TOUTE LA VILLE

du 18 au 21 mai à Toulouse

60 historiens 65 événements

L’histoire à venir est née à l’initiative de la librairie Ombres Blanches, du Théâtre Garonne, des équipes de recherche de l’Université Toulouse-Jean Jaurès et des éditions Anacharsis. Deux années de discussion, de réflexion et de travail collectifs ont abouti à l’organisation de cette première édition de L’histoire à venir, fondée sur l’idée partagée que la diffusion des savoirs est de la responsabilité de tous (chercheurs, libraires, bibliothécaires, éditeurs, associations et acteurs de la culture), pour s’adresser à tous.

Réengager le savoir, mettre la recherche en lumière, renouer le dialogue citoyen avec le passé et l’histoire, renforcer le pacte entre la démocratie et la connaissance : voilà l’ambition de L’histoire à venir, une manifestation annuelle dont la première édition se tiendra à Toulouse du 18 au 21 mai 2017.

Dans ces temps où sont mis à rude épreuve l’analyse critique des faits, l’autorité de la preuve et le rôle du savoir, émergent et se renforcent les tenants de la post-vérité, des « faits alternatifs » et des théories du complot. Ces discours, qui dévaluent la connaissance, assurent le profit de quelques-uns aux dépens de l’intérêt général en nous dressant les uns contre les autres.

Au temps de la sidération, de la saturation et de l’indignation doit succéder celui de l’engagement et de l’argument. Ne délaissons pas le luxe nécessaire de la raison et redonnons sa place centrale au débat d’idées. Parce que l’autorité d’un discours tient moins à celui qui l’énonce qu’à la rigueur de sa méthode et de sa démonstration, nous devons donner à voir et à entendre comment se pense et s’écrit l’histoire aujourd’hui, et envisager collectivement comment elle s’écrira demain.

Nos journées se structureront autour de deux axes généraux que nous reprendrons chaque année : « Écrire l’histoire » et « Histoire et démocratie ». Une première thématique les complètera cette année : « Du silex au Big Data ».

Ainsi, de la préhistoire à l’ère numérique, quelles sont les données à notre disposition ? Comment devons-nous et pouvons-nous les utiliser ? Leur accumulation dans d’immenses proportions transforme-t-elle fondamentalement ce qu’elles sont ? Les chercheurs ont fait de ces questions le fondement même de leur métier. De la découverte et de la collecte des traces du passé à leur mise en récit, ils ordonnent, comparent, croisent, relient, doutent et imaginent pour élaborer des savoirs. Des débats animent la communauté scientifique dont il s’agira de rendre compte, tout en mettant en commun les cheminements et les raisonnements, pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons et celui que nous voulons construire.

Pendant quatre jours, de midi à minuit, des historiens, des philosophes, des chercheurs en sciences sociales, des écrivains et des artistes viendront partager leurs idées et leurs recherches à travers conférences, ateliers, échanges et mises en récit originales et inventives. En venant à la rencontre de toutes et de tous, dans différents lieux de la ville, elles et ils feront de L’histoire à venir la vitrine et le creuset des nouvelles façons d’écrire l’histoire, pour que les possibles du passé ouvrent les manières de penser et de construire les possibles de l’avenir.

Toute la programmation est à retrouver sur www.lhistoireavenir.eu

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Programme des rencontres à la librairie Ombres Blanches :

jeudi 18 mai de 16h à 17h30 : Présentation de la Revue du Crieur (Mediapart/La Découverte), en présence de Joseph Confavreux

Fondée en 2015, coéditée par Mediapart et les éditions La Découverte, la Revue du Crieur s’applique à explorer le monde de la culture, des savoirs et des idées, en mettant en avant le débat d’idées. Joseph Confavreux est journaliste à Mediapart, co-rédacteur en chef de la Revue du crieur et membre du comité de rédaction de la revue Vacarme.

 
 
vendredi 19 mai de 10h à 11h : Rencontre avec Marcus Rediker autour du livre Les hors-la-loi de l’Atlantique. Pirates, mutins et flibustiers (Seuil)

Marcus Rediker est professeur distingué d’histoire atlantique à l’Université de Pittsburg (USA). Historien, écrivain et militant des droits de l’homme, il est spécialiste de l’histoire maritime et notamment de l’Atlantique. Il a publié neuf livres, parmi lesquels À bord du négrier. Une histoire atlantique de la traite (Seuil, 2013, George Washington Book Prize) et Les Révoltés de l’Amistad. Une odyssée atlantique (Seuil, 2015).

Aujourd’hui l’une des grandes voix de « l’histoire par en bas », Marcus Rediker explore ici le monde fascinant de l’aventure maritime du point de vue des pirates, flibustiers et autres esclaves fuyards qui ont défié l’autorité depuis le pont inférieur des navires. Retrouvant le sens de leurs tatouages ou leurs contes de marins, il montre comment, entre le XVIIe et le début du XIXe siècle, ces mutins ont façonné l’histoire contemporaine, trop longtemps focalisée sur le national, les élites politiques et l’histoire « terrestre ».

 
vendredi 19 mai de 11h30 à 13h: Rencontre avec Claire Zalc autour du livre Dénaturalisés. Les retraits de nationalité sous Vichy (Seuil)

« La France aux Français » : l’une des premières mesures mises en œuvre par le gouvernement de Vichy avec la loi du 22 juillet 1940, qui prévoyait de réviser la naturalisation de tous les Français naturalisés depuis 1927. Partant d’une étude d’une ampleur inédite dans les archives, Claire Zalc livre une analyse implacable des effets de cette loi. Au ras de la pratique administrative, elle établit comment se dessinent les visages des « mauvais Français ».

 
 

vendredi 19 mai de 14h à 15h30: Rencontre avec Mélanie Traversier autour du livre Le journal d’une reine. Marie-Caroline de Naples dans l’Italie des Lumières (Champ Vallon)

Comment exercer son métier de reine et résister à la routine des divertissements et des obligations de son sexe ? Comment surtout s’inventer un rôle politique lorsqu’on est née Marie-Caroline de Habsbourg-Lorraine et qu’on se trouve exilée à la cour de Naples ? De 1781 à 1785, la reine de Naples s’est attachée à l’exercice quotidien de ses « écritures », sans doute pour discipliner ses propres affects.

C’est à la lecture de ce diaire qu’est convié le lecteur, le journal d’une reine d’une exceptionnelle richesse, où surgit un moi souverain qu’agite, en ces années pré-révolutionnaires, le souffle de l’histoire.

 
vendredi 19 mai de 17h30 à 19h: Rencontre avec Anne Lehoërff autour du livre Préhistoires d’Europe. De Néandertal à Vercingétorix (Belin)

Anne Lehoërff est professeur de Protohistoire européenne (Néolithique/Âges des métaux) à l’Université de Lille. Vice-présidente du Conseil national de la recherche archéologique.

Archéométallurgiste, elle a travaillé sur la naissance de la guerre, mais aussi les échanges en Europe et l’épistémologie de l’archéologie. Auteur de Par-delà l’Horizon. Sociétés en Manche et mer du Nord il y a 3500 ans, Somogy, 2012 ; Préhistoires d’Europe. De Néandertal à Vercingétorix, 40 000 / 52 avant notre ère, Belin, 2016.

Il n’y a pas de témoignage écrit de près de 40 millénaires, où nos ancêtres ont pourtant vécu, fabriqué des merveilles, construit des villes et nécropoles, inventé l’agriculture et la métallurgie, défriché toute l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural. Seulement des traces éparses : au fur et à mesure que les méthodes de l’archéologie se professionnalisent, la vision qu’on peut avoir de ces lointains ancêtres se raffine. À la pointe de la recherche, un éclairage neuf sur l’histoire de l’Europe avant l’Europe.

 
samedi 20 mai, de 12h à 13h30: Atelier avec Rémi Chocry et Sandrine Richard-Lévêque autour de « Comment construit-on un cours d’histoire au collège en 2017 ? »

1515 ? Marignan me direz-vous ! Mais quel sens donner à cette évidence acquise sur les bancs de l’école… et de quelle école ? Enseigner l’histoire c’est transmettre un savoir, mais aussi adopter une démarche scientifique qui s’appuie sur des sources pour développer l’esprit critique et élaborer un récit historique. Revisitons le cours d’histoire avec deux enseignants, qui à partir d’une leçon sur « La traite négrière au XVIIIe siècle », montreront comment ils construisent un cours et l’animent.

 
samedi 20 mai, de 14h à 15h30 : Au Café côté cour : Atelier avec Franziska Heimburger «Traduire, re-traduire : histoires de livres et de langues »

Pourquoi choisit-on de traduire une œuvre à un moment donné ? Les traductions en disent plus long qu’on ne pourrait le croire sur une époque et une société. À partir des traductions de grands textes littéraires vers le français, partez sur la piste des traducteurs et des éditeurs, et de ce qu’ils nous révèlent de leur temps.

 
samedi 20 mai de 14h30 à 16h: «L’histoire ou l’art délicat de ne pas oublier les morts». Rencontre avec Vinciane Despret et Ivan Jablonka. Modération : Olivier Carrérot.

Vinciane Despret enseigne la philosophie à l’université de Liège et à l’université libre de Bruxelles. Elle a principalement travaillé sur les savoirs à propos des animaux (Que diraient les animaux si on leur posait les bonnes questions ? La Découverte, 2012). Depuis quelques années, elle s’intéresse aux relations que nous entretenons avec les défunts, notamment dans Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent (La Découverte, 2015).

Ivan Jablonka est professeur d’histoire à l’université Paris 13 (Sorbonne Paris Cité). Il est rédacteur en chef de laviedesidees.fr et codirecteur de la collection « La République des Idées » au Seuil. Parmi ses livres : Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus (Seuil, 2012); Le monde au XXIIe siècle. Utopies pour après-demain, (PUF, 2014, avec Nicolas Delalande) ; L’histoire est une littérature contemporaine (Seuil, 2014). Il a reçu le Prix Médicis 2016 pour Laëtitia ou la fin des hommes (Seuil).
À la fin de son Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus, Ivan Jablonka avait ce cri : « Je suis historien pour réparer le monde ». Et son livre sur Laetitia se veut la « phosphorescence » d’une jeune vie brisée. Dans Au bonheur des morts, Vinciane Despret mobilise la philosophie, l’ethnologie, l’écoute, pour enquêter sur « la manière dont les morts entrent dans la vie des vivants ». Ce dialogue entre « ceux qui restent » revisitera donc sans doute ce motif cher à Michelet : n’écrit-on pas toujours l’Histoire, des histoires, pour « laisser parler » les absents ?
 

samedi 20 mai de 18h à 19h30: Conférence d’Antonella Romano « Europe, Amérique, Asie :  la Renaissance à l’horizon du monde »

L’idée de Renaissance est profondément associée à l’Europe, à un renouvellement artistique, politique, savant qui a ses sites, ses représentations visuelles, ses mythes. En la regardant à l’aune de l’élargissement du monde qui met l’Europe face à ses Indes, occidentales et orientales, face à et en relation avec l’Asie et l’Amérique, on peut la regarder autrement et le monde nouveau qui se dessine, avec elle. Circulations d’hommes, de plantes, d’animaux, d’objets, ouverture d’horizons linguistiques inconnus, cartographies de territoires nouveaux dessinent les conditions d’une nouvelle terre-monde qui sera au cœur de notre discussion.

 
dimanche 21 mai de 11h à 12h30: Rencontre avec Pierre Singaravélou autour du livre Tianjin Cosmopolis. Une autre histoire de la mondialisation (Seuil)

Pierre Singaravélou est professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’IUF. Il a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire du fait colonial et de la mondialisation aux XIXet XXsiècles, dont Pour une histoire des possibles (avec Q. Deluermoz) en 2016, et Tianjin Cosmopolis (2017) au Seuil. Il dirige actuellement les Publications de la Sorbonne et le Centre d’histoire de l’Asie contemporaine.

La mondialisation n’est pas un vain mot pour désigner ce qui survient au tournant du XXe siècle à Tianjin, capitale diplomatique de l’empire du Milieu. Cette ville chinoise méconnue suscite la convoitise de toutes les puissances de la planète en quête de concessions territoriales, et qui fondent sur-le-champ le premier gouvernement international de l’époque contemporaine, une expérience politique unique.

 

En attendant le mois de mai, rendez-vous à la librairie !  Vos libraires vous invitent à venir déambuler parmi les tables du rayon histoire à travers des sélections thématiques travaillées autour de l’événement !

3 réflexions sur « « L’Histoire à venir » à Toulouse »

  1. Bonjour
    Faut-il réserver pour assister aux différents ateliers (je souhaiterais venir pour l’intervention de Sandrine Richard-Leveque samedi 12h : comment construire un cours d’histoire au collège).
    Je vous remercie.
    E. Groetzner-Duffar

  2. Ping : Le sens de l’histoire

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