Il me semble difficile d’écrire quelque chose sur le dernier livre de Christine Montalbetti car sa composition est si légère et son écriture si fluide qu’elle s’immisce dans tout les aspects des choses et des corps. Oui, il est difficile d’écrire sur ce roman sans prendre le risque de l’alourdir. Il faudra donc faire attention à respecter son univers, scientifique et humain, cet univers où la légèreté s’exprime dans la mobilité, dans la précision technologique et dans son environnement naturel, le centre spatial Kennedy et sa base de lancement de Cap Cannaveral! Cependant, cette sensation de légèreté que l’on ressent en lisant ce roman ne devrait pas le faire apparaître seulement comme une sorte de douce rêverie poétique.
Un narrateur regarde les étapes de la dernière mission Atlantis qui s’éleva dans le ciel de Floride en juillet 2011 vers la station spatiale internationale. Quelque chose de très étudié, préparé, de très sérieux voir besogneux. Mais au fond, il y a un rêve. Il y a un rêve qui porte d’immenses promesses et parfois de terribles menaces. Au centre spatial Kennedy, la technologie est partout, c’est un monde hypermoderne qui crée les moyens de réaliser le rêve des origines, celui de s’élever dans l’espace, de s’alléger de son propre corps. Au cœur du livre de Christine Montalbetti il y a ce rêve de l’Homme qui s’élève pour atteindre les étoiles. Et c’est là, au milieu de ces forces, de la pesanteur à l’impesanteur, que Christine Montalbetti arrive à nous arracher du sol, à nous envoyer au ciel. Je crois que l’idée est là, dans cette grande aventure, dans cette prodigieuse ascension, qui sera, hélas, suivie d’un retour, voir d’une chute, en tout cas d’un rétablissement dans le monde de la gravite. Donc un narrateur qui nous raconte une expérience aérienne de quatre cosmonautes, des préparatifs de l’envol, de la fête de départ, des familles des uns et des autres, de l’envol, de la jouissance de l’impesanteur puis du retour à la normal . L’ éblouissement vient naturellement car Christine Montalbetti compose avec ces forces en présence et nous les fait ressentir, celles qui nous attirent, celles qui nous séparent, celles qui nous écrasent. À mes yeux, ce roman ne cherche pas à délivrer, en tout cas en apparence, de grands messages, mais il a la richesse d’explorer le langage, le langage de la vision, de l’espace, de la lumière, du mouvement. Et ce travail donne une atmosphère à ce texte qui est parcouru par le plaisir de percevoir, de toucher, de ressentir. Peut être que certains trouveront cela dérisoire. Pour ma part, j’ai aimé lire ce roman qui raconte l’une des expériences de vie les plus extrêmes que l’on puisse imaginer vivre, oublier son corps et flotter au dessus du monde.
Nous recevrons Christine Montalbetti le mardi 11 octobre à 18h.
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