Le retour du printemps

Lecteur depuis des années des Carnets de notes de Bergounioux, c’est devenu pour moi une tradition, un printemps sur deux, que d’en lire un volume en regardant les bourgeons sortir. La place qu’il donne à la nature, à la pêche, à ses recherches entomologiques, aux minéraux, m’aide à sortir de la grisaille et de l’humidité hivernales. Et en cette saison plus calme en nouveautés en librairie, j’apprécie d’aborder le temps long, la vie qui passe, qui se construit par habitudes, par gestes sans arrêt recommencés qu’il retranscrit merveilleusement. Comme l’humain n’échappe pas aux cycles de la nature, et ne peut vivre qu’en s’intégrant à la Vie.

Pierre Bergounioux


Cette année, le plaisir est différent.J’ai toujours le bonheur de voir les tulipes éclore, de semer des basilics, de planter de nouvelles variétés de thyms, de sauges. Je mesure d’autant mieux ma chance, qui doit tellement manquer à nombre d’entre nous. Et pourtant. Lors de ces années 2011-2015, Bergounioux se retire dans la lecture. Les soucis de santé accaparent sa pensée, son corps. Il sort moins, souffre du froid, craint le vieillissement, l’ombre de la mort, jour après jour. La différence de ton est palpable, l’angoisse omniprésente.
Mais si je n’y trouve pas ce que j’étais venu y chercher, c’est une nouvelle aventure de lecture que ce quatrième Carnet. Plus sombre, parfois même renfermé, aigre. Je n’arrive pas à le lire d’une traite, comme les autres. Je ressens le besoin d’aérer ma lecture, de reprendre du souffle. Certainement, ce sera l’un de ceux dont je me souviendrai le mieux, qui montre que chaque cycle ne reproduit pas à l’identique le précédent, mais évolue par touches sensibles.

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