Dans ce magnifique Hymne, l’auteur écrit à propos de la musique qu’elle est un « vertige éphémère ». Quand Lydie Salvayre entend pour la première fois The star spangled banner par Jimi Hendrix, on est en 1972 et elle a 20 ans. Dès qu’elle sent la fébrilité automnale l’envahir, elle le réécoute. En 2011 lorsqu’elle décide d’écrire la vie, et la mort, du guitariste américain, elle publiera Hymne. Dès lors son vertige sera partagé et restera vivant.
Le trouble, on le sent, on le partagé, on le laisse nous pénétrer ; ce vertige du style, cette force et ce rythme des mots. Ce que Jimi Hendrix réussit, « l’impensable : rehausser le rock à la hauteur d’un art, et de cet art faire chose populaire », Lydie Salvayre le réalise en littérature.
Rarement une écriture aura aussi bien accompagné la musique de cet artiste devenu légende qui fascine toujours anciennes et nouvelles générations. La déclaration que Lydie Salvayre imagine et construit, redonne à Jimi Hendrix toute son humanité. Elle nous offre sa vie, son parcours (sans chronologie morbide), ses démons (la fuite de sa mère, la pauvreté, la société raciale américaine, la guerre du Vietnam…) et n’oublie pas de rappeler la cupidité du show-biz, sa violente égocentricité. Tout ce qu’il dut affronter et qui l’emmena vers la mort.
Hymne est un hommage à cet homme qu’on a violenté, puis statufié sans rien lui demander. Sans doute, et enfin, cet amour.
Hymne – Lydie Salvayre – Collection Fiction & cie – Seuil, 2011 – 18€