New York on le sait n’est pas vraiment représentatif des États-Unis, c’est une ville surdimensionnée et excessive. Les gratte ciels font tourner les têtes et le gigantisme est le mètre étalon. Mais elle est aussi cette grande ville tentaculaire et monstrueuse où le danger est toujours présent. Bref, NY est un des grands mythes urbains de notre monde contemporain, une ville idéalisée.
Toutefois dans l’imaginaire collectif, la grande pomme comme on l’appelle représente ce que l’Amérique a de mieux à donner. Une projection magnifiée tout autant que fantasmé d’une Amérique triomphante.
Cette courte sélection de lectures n’est qu’un choix parmi d’autres, ils sont une foule à avoir écrit sur cette ville.
Toutefois, ces choix veulent montrer comment les romanciers, par le biais de la fiction et dans leur pluralité, appréhendent l’espace démesuré de New York.
Cosmopolis
Don Delillo, J’ai Lu, 2006
Avril 2000. Eric Packer, golden boy comblé qui dirige une influente société de courtage, traverse New York dans sa limousine. Il pose sur le monde qui l’entoure un regard désenchanté, tout en parcourant la ville que paralysent progressivement une série de manifestations collectives. Dans cette atmosphère d’apocalypse, reviennent le hanter des souvenirs qui le conduisent à reconsidérer son existence et à s’interroger sur la personne qu’il est désormais.
Mais il est trop tard : l’homme postmoderne qui voulait se suffire à lui-même n’a plus accès à la réalité qui le frappe alors de plein fouet.
Traduit de l’anglais par Marianne Véron
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Trilogie New-yorkaise
Paul Auster, Actes Sud, 2002
De toutes les qualités qui ont justifié le succès de la Trilogie new-yorkaise, l’art de la narration est sans doute la plus déterminante. C’est qu’il suffit de s’embarquer dans la première phrase d’un de ces trois romans pour être emporté dans les péripéties de l’action et étourdi jusqu’au vertige par les tribulations des personnages. Très vite pourtant, le thriller prend une allure de quête métaphysique et la ville, illimitée, insaisissable, devient un gigantesque échiquier où Auster dispose ses pions pour mieux nous parler de dépossession.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre FURLAN
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Le temps où nous chantions
Richard Powers, 10/18, 2008
Une grande fresque et une vision aussi panoramique qu’intimiste de l’Amérique des soixante dernières années. Le Temps où nous chantions suit le parcours de trois enfants métis issus d’un père juif allemand et d’une mère noire, et dont l’éducation fut entièrement consacrée à la musique. Il y a Joseph, pianiste virtuose, Jonah, enfant prodige à la voix d’ange, et enfin Ruth la rebelle qui rejettera les valeurs familiales pour rejoindre les Black Panthers. Sur fond d’une bande son plurielle (de Schubert à la Motown, jusqu’au Rap) et d’émeutes raciales, Powers pose la douloureuse question : peut-on exister hors des catégories raciales auxquelles nous réduit la société ?
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Les saisons de la nuit
Colum McCann, 10/18, 1999
« Ce roman parle de New York, d’amour, de mariages mixtes, de terrassiers qui creusent des tunnels, de bâtisseurs de gratte-ciel qui dansent sur des poutrelles à des centaines de mètres au-dessus de la ville. C’est peut-être le premier vrai roman consacré aux sans-abri, à ceux qui vivent au-dessous et à l’écart de la cité prospère. On sent que Colum McCann a fréquenté ces lieux-là : dans une langue qui procure un plaisir presque physique, il évoque avec une rare puissance ce présent qui empeste et ce passé qui oppresse.» Frank McCourt
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