George Sand à Nohant

A propos du livre de Michelle Perrot, George Sand à Nohant, Seuil, 2018.

Michelle Perrot est historienne, professeure émérite d’histoire contemporaine des universités et militante féministe. Elle est l’auteure d’Histoire de chambres couronné par le prix Fémina de l’essai en 2009.

George Sand (1804-1876), écrivaine, dramaturge, critique littéraire, sensible à la cause des femmes et investit dans la vie politique de son temps.

Nohant, demeure du Berry dont elle hérite, devient son lieu de vie, elle le quitte parfois à regret pour ses voyages et le retrouve avec plaisir le moment venu. George Sand est indissociable de Nohant, elle y construit sa vie privée et veut aussi en faire une maison d’artiste, comme un contrepoint au parisianisme ambiant du XIXe siècle.

George Sand en 1850. Fusain de Thomas Couture.

Michelle Perrot nous propose dans cet essai de voir Nohant comme il plut à George Sand de le voir “dans ses dimensions matérielles et symboliques, affectives et politiques, réelles et idéelles, côté chambre et côté jardin” .

George sand est une source incomparable et inépuisable pour l’historienne de la vie privée ; ses correspondances et ses agendas permettent de dénouer les fils de sa vie, de mieux comprendre ses volontés, ses exigences, ses pensées et la réalité d’un XIXe siècle en constant mouvement. Nohant cristallise tout cela. Une femme libre, enfermée dans un siècle qui fait peu de place aux aspirations des femmes qui voudraient être autre chose que des coquettes entretenues. En effet, Sand est écrivaine, elle prend un nom d’homme pour pouvoir écrire. Elle est divorcée et collectionne les histoires d’amour passionnelles, elle élève seule ses deux enfants et entretient son domaine de Nohant grâce à l’argent que lui rapporte ses écrits. En bref, une femme qu’on dirait d’une époque plus tardive.

Elle rêve de voir Nohant devenir un centre artistique où ses amis écrivains, peintres, musiciens, artistes en tout genre viennent créer et se ressourcer loin de Paris et de ses salons mondains. Elle convie également ses amis républicains à la rejoindre pour échanger autour des idées politiques qui les unissent. Tout ce beau monde côtoie les enfants, les amants, les domestiques et les paysans du village. Un drôle de mélange qui, lui aussi, est d’un autre siècle.

Cet essai nous embarque de facto dans l’univers de cette femme singulière, libre et volontaire. Michelle Perrot construit son livre sur trois axes qui offrent une certaine originalité à l ‘histoire de Nohant et de sa propriétaire ; les gens, les lieux, les temps et qui donne à l’essai des allures de pièce de théâtre dont les actes sont les didascalies et Nohant le décor. Ce qui rend cet ouvrage si attrayant, c’est qu’il a plusieurs niveaux de lecture : celui de l essai très documenté, reflet du travail et de la méthode de l’historienne qui se cache derrière. Celui de la pièce de théâtre dont la mise en scène est orchestrée par George Sand elle même. Et enfin celui du roman servi par une plume claire et généreuse, dont l’histoire serait vraie.

Consulter le dossier consacré à George Sand sur Ombres-blanches.fr.

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