Sources vives

Après avoir publié faisaient paraître un volume consacré aux écrits d’Aby Warburg à Rome, ville dans laquelle l’historien de l’art a passé les deux dernières années de sa vie, les éditions L’écarquillé ont publié en 2012 L’Atlas mnémosyne, important corpus d’images, créé entre les années 1921 et 1929. Une conception stoppée par la mort soudaine de son auteur en octobre 1929.

Atlas Mnemosyne d’Aby Warburg



Prodigieux projet que cet ouvrage d’Aby Warburg, pionnier dans le renouvellement des études artistiques au début du XXe siècle, initiateur de l’iconologie et fondateur de l’une des plus plus belles bibliothèques d’art et de sciences humaines jamais constituées (la légende veut qu’il ait laissé l’héritage familial à son frère à la condition que lui soit fourni tous les livres qu’il souhaiterait).
Au moyen de planches d’images, de reproductions ou de photos d’œuvres allant de l’Antiquité au début du XXe siècle, Warburg propose de saisir les prémisses de la résurgence et la résurgence même, le réveil, la nouvelle percée des formes antiques dans l’art occidental et particulièrement à la Renaissance. Et c’est à une manière de voyage visuel dans le temps, mais aussi dans l’espace, auquel nous sommes conviés.
La contemplation des images, le lien qu’établit entre elles Warburg, offrent une sensation de pensée unique, qui permet de saisir, à proprement parler de voir comment la gestuelle et les thèmes antiques survivent et reviennent et ce, presque sans mots sinon les présentations des œuvres proposées et les titres sidérant des planches qui, comme le maître de Delphes dans les fragments d’Héraclite, ne disent ni ne cachent, mais signifient : « Le corps régulier comme micro-univers : dé lancé pour tirer les sorts. Feuillettement d’un livre comme lecture de l’univers », « Superlatifs du langage gestuel. Exubérance de la conscience de soi. Héros individuel ressortant de la grisaille typologique. Perte du « comme » de la métaphore »,… Oui, qu’il y ait mémoire, cette manière de survivance et de retour, a quelque chose de merveilleux, comme Warburg lui-même l’exprime dans sa préface :

« C’est un prodige de l’œil humain que de telles vibrations de l’âme, perpétuées de siècle en siècle dans les pierres de l’Antiquité italiennes, soient demeurées vivantes pour les générations ultérieures. »

Un livre à voir et à revoir, aux perspectives inépuisables et dont on peut remercier Roland Recht, Sacha Zilberfarb et les éditions L’équarquillé de l’avoir rendu accessible aux lecteurs francophones (et parmi toutes les questions de disposition et de composition que soulève l’élaboration d’un livre, ce ne fut sans doute pas le moindre des défis que de mettre en pages des planches pleines d’images d’un peu moins d’un mètre carré).
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