Treizième poésie verticale – Roberto Juarroz

Dans les titres des livres de Roberto Juarroz le mot Verticale est toujours présent. Il prends son sens dans le rapport de l’Homme au monde, un rapport spatial et visuel.

S’élancer sur les eaux aveugles
et ouvrir les territoires
d’un continent nouveau
qui réveille et réanime
la réalité fatiguée du monde.

p.229 Treizième poésie verticale

La réalité ne garantit plus au sujet son rapport au monde. Pour l’atteindre, il essaie de la regarder autrement, la regarder de dos pour la réinterpréter. L’Homme est cerné par le vide et recherche des motifs nouveaux, des angles nouveaux.

Oublier de vivre

Regarder ailleurs

Ou ne regarder nulle part

Il est un moment de la nuit ou du jour

Ou l’eau même s’abstient

De tous ses reflets.

 

p.213 – ibid


L’expérience poétique de Roberto Juarroz tente de fixer un instant du réel, de marquer le temps physiquement par des mots. Parfois le mystère est innommable.

Aujourd’hui j’ai presque tous les mots.

Mais presque tous me manquent.

A chaque fois ils me manquent plus.

 

p.169- ibid.

 
Il y a dans la poésie de Juarroz la volonté de dire les mystères du monde. Sa poésie ouvre la possibilité d’un déplacement dans des temps et dans des lieux mystérieux. Elle interroge le réel et ouvre des espaces à entrevoir et à interpréter.

Toujours au bord.

Mais au bord de quoi ? ……….

Acrobates sur un bord nu,

équilibristes sur le vide,

dans un cirque sans autre chapiteau que le ciel

et dont les spectateurs sont partis.

 

p.177 ibid.

 
Toutes les poésies verticales sont publiées chez José Corti et traduites par Roger Munier.
Treizième poésie verticale
 
Treizième poésie verticale
Roberto Juarroz – Corti – 2015

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