« Hank stone et le cœur de craie » – Carl Watson

Je découvre Carl Watson par un court texte, Hank stone et le cœur de craie, édité par la Vagabonde et je suis sidéré par son talent. Il y a une retenue dans son écriture et une créativité plastique qui le rend capable de dire vite et avec précision ce qui se passe dans l’esprit du dénommé Hank Stone.
Carl Watson écrit un monde en décomposition, une société qui se délite et la pauvreté qui isole et détruit. Il écrit la ville dans tout ce qui la compose, ses mouvements, ses sons, ceux qui la traversent, ceux qui l’habitent. Hank Stone habite dans un quartier pauvre de Chicago, l’Uptown Chicago qu’il observe par sa fenêtre. Hank Stone porte sur la ville un regard statique. C’est un observatoire à lui seul, qui concentre et stocke les bruits et les images de ce bout de quartier, bout du monde.
Par la position en retrait et la situation d’exclusion de son personnage, Carl Watson crée un climat étrange, à la lisière de la lucidité, une angoisse. On pourrait évoquer Kafka, (je pense au Terrier en particulier) pour dépeindre la crainte ou la menace ou la panique qui se joue dans la tête de Hank Stone. Parce que ce personnage, qui cherche une issue, semble ne plus rien maîtriser et vivre dans un monde différent ; la ville dicte les égarements de la pensée du personnage. Ces enchaînements de temps, de divagations , qui naissent des images et des sons pris à la ville, sont écris à la fois comme des points d’ancrage du personnage dans son environnement, puis comme des points pivots qui transforme la perception du réel et ouvre les portes de l’interprétation. Carl Watson écrit avec des mots précis et justes car ici, tout se passe dans le langage, car ce texte est presque un poème, en tout cas, c’est un monde.
Les autres livres et nouvelles de Carl Watson sont tous édités aux Éditions Vagabonde.
 
Post Scriptum.
On peut évoquer Kafka.
On peut évoquer Hubert Selby Jr.
On peut évoquer Travis Bickle dans « Taxi Driver ».
Hank Stone et le coeur de craie
 
Hank stone et le cœur de craie – Carl Watson – Vagabonde, 2015

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