Le discret Raphaël Meltz, fondateur de la revue indépendante Le Tigre, endosse le costume et la plume de Balzac avec Urbs, réécriture dynamitée de L’Histoire des Treize : treize personnages aux portraits saturés se réunissent pour sortir Paris de sa torpeur. Tour à tour ils présentent les propositions les plus ambitieuses pour changer le monde et nous le faire voir différemment. Cela va du plus pacifiste partage par l’échange d’émotions, en passant par la gratuité de consommation, à des projets plus extrêmes encore comme la provocation d’un crash boursier. Raphaël Meltz imagine et met en scène pour nous treize façons de faire la révolution.
C’est aussi un roman de rencontres, de liens sociaux, et d’affectivités. L’auteur ménage un hommage à un de ses amis disparu, il nous raconte l’absence et le vide laissé par cette perte, la remise en question de la vie et de son sens dans cette société surannée et inégale, souvent absurde.
Ces réunions sont l’occasion pour l’auteur de se transformer en guide efficace, il amène le lecteur dans une balade à travers Paris et ses environs, balade qui fourmille d’anecdotes historiques qui raviront les amoureux de la capitale.
Le tout est animé par le narrateur et son conseiller littéraire, le chevalier blanc, qui dynamisent le récit par leur duo sarcastique, tantôt cinglant. Ils tiraillent, titillent le texte, faisant partager au lecteur les tourments de l’écrivain devant la page.
Roman picaresque et sociologique, roman urbain, géographique même, mais aussi roman de l’anarchie et de l’insurrection, Urbs est l’ovni de la rentrée littéraire. Drôle, culturel, révolté, révoltant aussi par ce narrateur qui ne cesse d’insinué le doute, de rompre l’illusion romanesque. Ce qui est sûr c’est que Raphaël Meltz ne laisse aucun répit au lecteur, faisant de ce roman un texte qui ne laissera personne indifférent.
 

Urbs – Raphaël Meltz – Attila, 2013.