Pérégrinations vers l’ouest

 

Parmi les innombrables aventuriers qui ont parcouru le monde, ceux-ci sauront peut-être particulièrement toucher le cœur des amoureux des livres, car ces moines bouddhistes chinois du VIIe siècle de notre ère bravèrent déserts, montagnes, bêtes sauvages, océan et même brigands ou autres périls humains, pour trouver, ramener chez eux et traduire et partager des textes et des trésors d’écrits. Ainsi, à partir des récits de leurs voyages qu’ils ont eux-mêmes rédigés, René Grousset suit les pérégrinations de Hiuan-tsang (orthographié aussi Xuanzang) et de Yi-tsing (ou Yi Jing) dans cet ouvrage soigné muni d’une grande carte de l’Asie retraçant les itinéraires de ces vaillants pèlerins.


Il s’intéresse particulièrement au voyage de Hiuan-tsang qui, pour parfaire son enseignement, passa outre l’interdit de l’empereur Taizong de la dynastie Tang de quitter la Chine et, ainsi, traversa les déserts de Gobi et du Taklamakan, franchit le massif du Pamir, alla au Kirghizistan, puis à Samarcande, sillonna l’Afghanistan où il put contempler les fameux Bouddhas de Bamiyan tristement détruits en 2001. Il s’arrêta ensuite à Purushapura, l’ancienne Peshawar, coeur du Gandhara dont l’art témoigne du mariage de la Grèce, de l’Inde et de la Perse, pour atteindre enfin son but et visiter les lieux sacrés du bouddhisme.
Il séjourna à l’université de Nalanda, le prestigieux centre d’études bouddhiques, qui fut fréquenté tout au long de ses presque 1000 ans d’activité par des esprits aussi considérables que Nagarjuna, les frères Vasubhandu et Asanga, Padmasambava, Shantideva ou encore Naropa. Hiuan-tsang passa au total neuf ans en Inde puis revint en Chine entouré d’honneurs et chargé de textes qu’il choisit de traduire le reste de sa vie plutôt que d’exercer une charge à la cour de l’empereur. Remarquable destinée que la sienne dont le récit de voyage témoigne de peuples, de coutumes, de sites dont il ne resterait peut-être pratiquement plus traces sans lui et qui de cette façon stimulera des recherches archéologiques en Chine, en Afghanistan ou au Pakistan, inspirera ce monument de la littérature chinoise qu’est La Pérégrination vers l’ouest de Wu cheng’en et par là-même des enfants et des adolescents du monde entier à travers la reprise de ce roman fantastique qu’en fera Akira Toriyama dans son manga Dragon Ball. N’oublions pas cependant le voyage de Yi-tsing qui dut attendre longtemps avant de pouvoir partir sur les mers australes, s’arrêta à Sumatra pour ensuite repartir et remonter le golfe du Bengale. Il resta onze années à étudier à Nalanda puis revint en Chine par la route maritime chargé lui aussi de centaines de textes et nous gratifia, comme Huian-tsang, du récit de son long voyage.
Sur les traces du Bouddha de René Grousset, éditions l’Asiathèque, 2008.

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