Jean-Claude BARRERE

Il n’avait pas son pareil pour amener votre regard vers la singularité profonde d’un album, vers ce qui faisait sa vraie originalité, au milieu de tant d’autres qu’il jugeait juste « pas mal, oui peut-être, mais un peu pauvre quand même, tu trouves pas ? ».
Et il argumentait.

Jean-Claude Barrere. (image : occitanielivre.fr)



Sa connaissance intime du travail de fond des artistes lui permettait d’avoir cet œil aiguisé sur la création, celle qui nous bousculait et faisait bouger les lignes. (« Vois comme c’est audacieux, ce choix d’associer ces couleurs ! », à propos de « Es-tu folle, Cornefolle, » de Elzbieta, éd. Pastel, 1991).

Son amour des textes, et particulièrement de la poésie, nous aidait à affûter notre compréhension du fameux « accord texte/image » qui était l’alpha et l’omega de l’appréciation d’un bon album.
Nous avons tellement appris de lui.
Il avait l’art d’arriver juste avant la fermeture de 19 h, après sa journée de formateur au CRDP (aujourd’hui Canopé) de la rue Roquelaine. Et il demandait presque toujours le « canard à trois pattes », celui qui allait nous prendre un temps fou pour, peut-être, finir par se laisser débusquer.
Mais, passé l’agacement – les collègues qui voulaient fermer la librairie nous attendaient avec impatience -, j’apprenais dans cette recherche même à dépasser mon horizon et mes certitudes, à creuser ma connaissance du fonds de littérature pour la jeunesse, à croiser les thématiques et les modes d’expression, bref, j’apprenais mon métier.
Il a fait partie de ceux qui ont animé dans les années 1980/1990 le CRILJ à Toulouse, avec, entre autres, Nicole Folch, qui a été libraire à Ombres Blanches avant moi, et qui pourrait en parler mieux que je ne le fais.
Il avait à cœur de partager son enthousiasme avec qui voulait bien se donner un peu de peine, et savait faire des ponts entre les publics : écoles, bibliothèques, associations, sans distinction aucune, mais toujours avec une sensibilité profonde aux besoins de chacun.
Lorsque nous avons fondé l’association « Macao et Cosmage » il a été de nos premiers supporters, et indéfectible soutien.

Et puis surtout, il était un ami fidèle, attentif, encourageant…et drôle !
Pour nous, il était Jean Claude, mais dans son travail d’artiste (dessin, gravure) et de poète, il signait Claude Barrere.

Claude Barrere.
(image : occitanielivre.fr)


Il a exposé ces dernières années dans la région, et réalisé des livres d’artiste aussi. Ses poèmes, qu’il offrait avec générosité, étaient tissés d’un mélange de finesse, de justesse, et de la tendresse d’un écorché – vif.
Nombreux sont celles et ceux qui, comme nous, le pleurent aujourd’hui.
 

Françoise Guiseppin

4 réflexions sur « Jean-Claude BARRERE »

  1. Claude Barrere … ami poète de notre famille depuis toujours … nous étions nés le même jour dans des années différentes …anniversaires de frères d’art … tu vas vraiment Me …nous manquer …on a du mal à croire que tu es déjà parti … encore ton dernier sms ou tu citais Holderlin
    « Mais aux lieux du péril/ croit aussi ce qui sauve « 
    En sympathie avec tous ceux qui te pleurent … que ton œuvre nous accompagne et remplisse ton absence .
    Françoise et Jacques et leurs enfants

  2. Merci de nous remettre en mémoire ces moments de vie de Jean Claude Barrère qui va tellement nous manquer par sa gentillesse , son immense culture et son envie de toujours faire partager ses coups de coeur artistiques ou poétiques .
    Il nous restera le souvenir de ses conversations toujours empreintes d’humour et ses textes .

  3. Claude . C’est par hasard sur Facebook et surement trop tard que je viens d’apprendre que tu nous as quitté . Nous étions tellement proche en poésie et tellement en amitié . Tu venais souvent chez nous et nous avions fait de nombreuses soirée poésie en Duo . Tu m’avais permis de rencontrer les jeux Floraux de Toulouse qui m’ont décernés le Prix de l’Académie début 20 Nous devions nous retrouver pour la remise du Prix et déjeuner ensemble . Pour mon mari et moi c’est un grand malheur d’avoir perdu cette fidèle amitié que nous nous portions. De Rodez à Toulouse c’était difficile mais on se téléphonais souvent . Ce fut un choc terrible d’apprendre ainsi ta disparition et de n’avoir pu le savoir .
    Pour sa famille dont il me parlait beaucoup nous adressons nos sincères condoléances
    Anne Marie et Christian BERNAD

  4. Merci de cet hommage à notre poète, il va terriblement nous manquer, mais régulièrement à la Galerie 21, nous rappellerons combien notre ambassadeur de la poésie et du trait était un pilier de notre  » Tableau culture  » comme il aimait à le dire.
    La galerie se situant dans une impasse il cherchait depuis longtemps un nom pour intituler ces moments partagés autour d’une table, d’un repas, dans l’impasse.
    Il avait même mit en place un écritoire afin de tenter chacun de nous à y laisser un mot, un poème, ou une phrase afin que Claude Barrere, nos poètes et conteurs puissent les lire et en élire l’un deux, lors d’un évènement littéraire.
    Nous continuerons son idée, la boite à poèmes est toujours là, à la galerie, à nous de continuer !
    A V I S
    AUX
    AMATEURS
    « OUVREZ L’ECLUSE DES MOTS ! »
    = LA GALERIE21 A AMENAGE CE COIN
    TOUT SPECIALEMENT POUR VOUS
    = UNE TABLE-ECRITOIRE VOUS Y ATTEND
    ET UNE BOITE A TEXTES
    POUR Y GLISSER VOS ECRITS…
    = ALORS EMPAREZ-VOUS PRESTEMENT
    D’UN CRAYON, STYLO, PLUME, CALAME…
    ET D’INDISPENSABLES PETITS PAPIERS,
    FEUILLETS, POSTITS, OU CONFETTI…
    = ALORS E C R I V E Z
    ECRIVEZ EN JE, TU, IL
    ECRIVEZ EN NOUS…
    = SUR TOUT OU RIEN, PRESQUE RIEN, PRESQUE TOUT…
    = ECRIVEZ-NOUS
    NOUS VOUS LIRONS
    CLAUDE BARRERE

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