20 – Marguerite Yourcenar, L’oeuvre au noir

L’ailleurs, Marguerite Yourcenar nous le procure par le mélange des temps mais ses récits sont autre chose que des évasions ; ils nous rapprochent. De son érudition, elle use comme un déploiement méditatif et cela la mène à une écriture de visions. De sa nuit intérieure, elle voit agir des personnages élégants dans leur pouvoir, sortis du passé, fictif ou pas, mais dont les destins, à l’instar des héros grecs, interrogent le rapport de l’homme à l’universel. Et le corps, ici, a bien son rôle à jouer. Les maladies et les défaillances qui le font parler guident plus amplement la lecture de cet universel, car à travers le savoir médical et les observations audacieuses de Zénon, mais déjà chez les confidences d’un grand empereur en proie aux douleurs de la vieillesse, Hadrien, ce sont les hommes qui nous frappent plutôt que les maîtres. Le corps analysé, un peu plus transparent et lucide, devient le vecteur d’une vérité scientifique et philosophique qui s’accorde difficilement avec le politique.

Marguerite Yourcenar, L’œuvre au noir, Folio.

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