Entre tacos et vodka

Sumerki de Dmitry Glukhovsky, l’Atalante
Un autre bon bouquin de Dmitry Glukhovsky !

J’avais aimé Metro 2033, écrit par Dmitry Glukhovsky alors qu’il n’avait que 23 ans, qui nous plongeait dans un Moscou post-apocalyptique où les survivants s’étaient terrés dans le métro. L’ambiance était prenante, l’environnement original, la carte du métro géniale, mais le livre n’était pas exempt de défauts. Une trame bien trop linéaire – de station en station, de rencontre en rencontre – des seconds couteaux fades et une philosophie un poil trop simpliste. On sentait que l’auteur était jeune, qu’il avait le talent et l’imagination, mais que ça manquait quelque peu de maturité. Metro 2034 est écrit dans la foulée (pas lu) et voilà que Dmitry nous présente son troisième ouvrage : Sumerki.

Premier constat : on reste à Moscou, et ça fait drôlement plaisir. Second constat : ça n’a rien à voir avec Metro. Si la démesure de la capitale russe est à nouveau au rendez-vous comme cadre, pas de catastrophe nucléaire ici et le narrateur vit donc paisiblement à la surface, à notre époque. Traducteur à la vie plutôt morne, il hérite un peu malgré lui d’un texte en espagnol datant de la conquête de l’Amérique centrale (et plus précisément du Yucatan); le journal d’un conquistador mandaté par Diego de Landa (moine franciscain ayant réellement existé) pour partir en exploration des régions encore inconnues. Ce texte, il le reçoit petit à petit, chapitre après chapitre, et plus il avance dans son travail, plus les phénomènes inexpliqués et effrayants vont se multiplier.

La narration se focalise donc sur deux axes : le journal de notre héros (l’auteur passe au « je » pour ce nouveau roman) et la retranscription de ce qu’il traduit de l’espagnol au russe. Nous découvrons grâce au conquistador du XVIème siècle et son récit d’aventure une partie de l’histoire du peuple maya et de sa culture. Dans le même temps, en parallèle la vie de notre héros prend un tournant mouvementé et permet à l’auteur de basculer dans le fantastique et le suspens.

Dix ans après le premier Metro on sent que Glukhovsky a eu plus de temps pour réfléchir à ce roman, à l’intrigue qu’il voulait tisser et aux idées qu’il voulait faire passer (certains messages sur la religion, sur la vie en Russie, sur la politique paraissaient bien trop simplistes et naïfs lorsque c’était Artyom, le personnage principal de Metro, qui s’en faisait le héraut – ces mêmes messages semblent bien plus réfléchis dans Sumerki). Le mélange Russie / Mexique est réussi, le pari était osé, et malgré quelques passages un peu plus lents que la moyenne, nous sommes tenus en haleine de bout en bout, le lecteur se demandant constamment si la frontière entre réalité et folie a été franchie ou non.

Un livre à lire donc, un beau livre qui plus est (comme d’habitude à l’Atalante), et un livre qui a eu le prix européen Utopiales 2014.

Sumerki ; la prophétie maya
 
Sumerki de Dmitry Glukhovsky, l’Atalante

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *