« Vaterland » – Anne Weber

Anne Weber est un écrivain bilingue qui a cette particularité de traduire elle-même ses livres du français à l’allemand et, pour Vaterland, de l’allemand au français. Elle est la traductrice de Pierre Michon.
Vaterland, édité au Seuil au mois d’Avril dernier, se présente comme un récit (qui par ailleurs conserve l’argumentation d’une enquête) dans lequel Anne Weber cherche à déterminer et à définir, dans le cadre de sa filiation et de l’Histoire allemande, le sens de sa germanité. Le territoire de ce récit est le passé. Anne Weber dévoile la vie de trois personnages. Son arrière grand père, Florians Christian Rang (1864-1924), puis son grand-père et son père. Le premier, dit Sanderling, est philosophe et théologien, ami de Walter Benjamin et de Martin Buber ; le second est bibliothécaire puis officier de renseignement de la S.S. Le troisième, le père d’Anne Weber, 17 ans en 1944, témoin du national socialisme, choisit le silence.
Anne Weber avance en tâtonnant dans cette enquête. Elle cherche à reconstituer une mémoire. Elle travaille des documents, se rend aux archives, se déplace sur les lieux habités par ses aïeux. Dans cet exercice intellectuel, elle instaure un dialogue avec ses pères et parvient à rendre compte de ce qui reste du passage des hommes. Anne Weber donne à ces trajectoires particulières une dimension collective. Son écriture est sans artifice. Il y a même un certain dépouillement du style qui se met au service du traitement et de l’exposition des faits. C’est une écriture en recherche.
A NOTER : Anne Weber sera à la librairie Ombres Blanches le 13 octobre à 18h. 
Vaterland
 
 
Anne Weber, Vaterland, éditions du seuil.

1 réflexion sur « « Vaterland » – Anne Weber »

  1. Un livre remarquable qui joue sur deux temporalités, celle d’une remontée dans le temps à la recherche d’un ancêtre en l’occurrence l’arrière grand père de l’auteur et le présent de cette recherche à travers un questionnement sur l’adhésion au nazisme qui fait le lien entre les deux époques. Moins historique que le monumental livre d’Ivan Jablonka et son « Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus » (2012) qui lui part à la recherche de ses ancêtres juifs, le livre d’Anne Weber étonne par son cheminement linguistique et psychologique qui la conduit à définir une nouvelle forme de germanitude qu’elle présente comme un poids dont tout allemand doit ou devrait souhaiter se libérer.

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