Stephane Vanderhaeghe part de l’argument du film de Hitchock, Les oiseaux, pour construire une des fictions les plus stimulantes de la rentrée.
Comme dans le film, nous sommes dans une petite ville qui se voit subitement sujette à l’inquiétante présence d’une nuée d’oiseaux charognards apparemment hostiles. Le narrateur dont nous ne connaîtrons pas l’identité nous raconte au jour le jour comment se prépare et se déroule ce qui ressemble à une invasion.
« Le monde autour de moi se rétracte à vue d’œil, derniers plans d’un film que le noir gagne en irisant la pellicule ».
Voici parfaitement ce qui est à l’œuvre dans ce roman. Parce qu’il y a quelque chose de suspect dans la voix du narrateur, une étrangeté qui pourrait bien ressembler à du délire de persécution.
Très vite on se met à croire que la réalité est inatteignable, la lecture nous plonge alors au cœur d’un inquiétant labyrinthe de sens, un aller-simple vers la déliquescence des mots, vers la fin de la conscience.
Et puis il y a ce texte placé en début de roman, écrit dans une novlangue qui tendrait à nous faire penser que, à l’instar des mondes volodiniens, le journal que nous avons entre les mains est le dernier vestige d’une civilisation morte, d’un monde avant la mutation, et que peut être une autre espèce est devenue dominante sur terre…