Le monde entier dans de bons romans

Une floraison récente de plusieurs très bons romans a suscité chez moi l’envie de vous les faire les partager de toute urgence !
Le plus marquant  sans doute, Pierre contre ciseaux de Inés Garland est absolument magnifique : l’histoire d’Alma, jeune fille d’une société protégée dans l’Argentine des années 70 ; ses meilleurs amis sont Carmen et Morito, d’un milieu plus modeste, qu’elle retrouve lors de vacances merveilleuses. Aux joies de l’enfance vont succéder les tourments de l’adolescence : la trahison de l’amitié, le douloureux apprentissage de l’amour… Mais surtout, après le coup d’état de 1976, la séparation des mondes : Alma ne se rend pas tout à fait compte que ses amis sont engagés dans un combat tragique, celui qui frappe tout son pays. Une écriture superbe pour un texte qui laisse un goût de bonheur et de déchirement.
Autre texte à double lecture : Le labyrinthe vers la liberté de Délia Sherman met en scène une fillette de la bonne société dans la Louisianne des années 60. L’esclavage a été banni, mais les riches blancs ont toujours la nostalgie de la ségrégation … Sophie, qui s’ennuie lors de ces vacances, émet le voeu de vivre des aventures. Une créature étrange, rencontrée dans le labyrinthe  du parc, a le pouvoir de la projeter un siècle en arrière, juste avant la guerre de Sécession : l’aventure va alors prendre une tournure tout à fait singulière pour Sophie, qui ne pourra plus rien ignorer de la réalité de ce temps là …un roman qu’on ne lâche pas, de ceux qu’on a hâte de retrouver  une fois les tâches nécessaires expédiées…
Restons un instant aux États-Unis, avec Louis Atangana : son roman Billie H  nous relate l’enfance et les débuts de la grande chanteuse Billie Holiday ; dans une langue percutante et vive, l’auteur nous donne à comprendre la difficulté de la vie, ses ornières et ses moments de grâce, et la ténacité d’Eléanora, belle fillette noire  qui ne s’en laissait pas conter ! Se lit d’une traite, comme une météore  !
Quant à François Place, dont nous attendons toujours avec gratitude le prochain livre, il tisse inlassablement, avec des couleurs et des personnages toujours renouvelés, le motif qui est le sien depuis ses débuts et qu’on pourrait grossièrement résumer ainsi : c’est la rencontre de l’Autre, quel qu’il soit, qui nous rend humain . Angel, l’Indien blanc qui vient de paraître, nous raconte comment cet enfant métis, violemment malmené par l’existence, s’embarque clandestinement sur le Neptune qui part vers les glaces du Grand Sud. En route, le bateau doit s’arrêter sur une terre inconnue où vivent des « sauvages » à deux bouches. Angel et Corvadoro, un savant vénitien un peu cynique, sont pris en otages tandis que le reste de l’équipage s’éloigne. Au travers d’épreuves douloureuses, Angel va apprendre et comprendre ses geôliers et trouver sa place parmi eux. Un roman d’aventure  dopé d’un soupçon de fantastique, mais pour moi, encore une fois, un roman sur l’humanité au coeur de chacun.
Voilà pour aujourd’hui. Il y en a beaucoup d’autres (ce printemps ne saurait ne nous réserver que de mauvaises nouvelles), venez les découvrir sur nos tables !
 

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