Le Serpent d’Hippocrate

Voici une histoire d’amour. Une histoire de passion, de folie. Une histoire de village. Mais également un drame, un fait divers, une affaire judiciaire. Le Serpent d’Hippocrate, inspiré de faits réels, est un peu tout ça à la fois. Le nouveau récit de Fred Pontarolo paru chez Futuropolis envoute et déroute.
L’auteur, Fred Pontarolo a été particulièrement remarqué il y a quelques années suite à la parution de James Dieu chez Futuropolis, trilogie déjantée mettant en scène Dieu tout droit sorti d’une canette de coca face à Juanito, sorte de clone d’Elvis décrépi. Même si dans le Serpent d’Hippocrate le récit, en one-shot, propose quelque chose de totalement différent, on retrouve toutefois la qualité graphique de l’auteur, qui sert à part entière à distiller l’ambiance si particulière de ce récit.
Isabelle vient d’emménager avec son mari Paul, militaire, et sa petite fille Emilie dans un village de campagne, dont Alain Mangeon est le médecin. Paul, militaire, est souvent absent, et petit à petit Isabelle et Alain deviennent amants. Elle se confie à lui, en particulier sur ses angoisses, et les violences de son mari, de plus en plus fréquentes lors de ses permissions… La vie d’Isabelle n’a pas été facile jusque là et devient franchement insupportable aux yeux de son amant qui ne tolère bientôt plus la situation, et veut sauver celle qu’il aime. Il abandonne sa famille du jour au lendemain, bien décidé à mettre un terme aux souffrances d’Isabelle. Mais jusqu’où ira-t-il?
La tension monte peu à peu pour le lecteur qui est contraint de voir l’histoire du point de vue du médecin, grâce à une narration optant pour un point de vue presque toujours interne. On rencontre Isabelle avec lui, on souffre, on compatit à travers ses yeux et ses sentiments. On tire les mêmes conclusions… ce qui sert bien l’auteur, qui réussit à nous mener en bateau avec talent. On sent bien qu’il y a une faille, mais lorsque apparaît la vérité il est déjà trop tard.
Le Serpent d’Hippocrate pose aussi la question du médecin et de l’homme. Quel état l’emporte sur l’autre? Il est clair que dans cette histoire, le code de déontologie et d’éthique imposé par le célèbre serment est sérieusement mis à mal. Est-ce condamnable ? La loi condamnera le médecin, dont le procès ouvre et ferme le récit des faits en lui-même. L’auteur joue d’ailleurs avec les couleurs, optant pour le noir et blanc pour le procès, et la couleur pour le flash black des évènements. Mais le lecteur ? Fred Pontarolo s’empêche bien de porter un jugement, et nous laisse dans un état étrange, résolument seuls face à nos convictions, nos idées.
Pour finir de convaincre ceux qui douteraient encore, reprenons quelques expressions bien connues qui résument l’ouvrage d’après son éditeur : « La réalité dépasse la fiction, les absents ont toujours tort, l’amour est aveugle. »
Le serpent d’Hippocrate – Fred Pontarolo – Futuropolis – 15€

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