L’Arbre d’or de John Vaillant

« N’ayons pas peur des mots ».  Cette phrase nous faisait bien rire, mes camarades et moi à l’époque du lycée, lorsque notre professeur d’Histoire la répétait chaque semaine. Je la reprends aujourd’hui à mon compte pour vous parler du livre  L’arbre d’or  de  John Vaillant. Et, donc, je n’ai pas peur de dire que ce récit est un chef-d’œuvre.  En tout cas un de ceux que j’apprécie de découvrir et de partager.

Bien avant (cinq années en fait) l’écriture et la parution du Tigre (édition originale en 2010), John Vaillant tenait du bout des doigts un sujet passionnant.

Tout commence par un fait divers : nous sommes en hiver 1997 sur les îles de la reine Charlotte, dans la forêt vénérée du peuple indien des Haida lorsqu’un bûcheron de Colombie-britannique commet un acte d’une violence inouïe. Sa victime est mythique : un impressionnant épicéa de Sitka, vieux de 300 ans, haut de 50 mètres et qui a l’unique particularité d’être entièrement recouvert de lumineuses aiguilles dorées.

Dans un geste paradoxal, qu’il conçoit comme une protestation contres les dommages causés par l’homme à la Nature, Grand Hadwin s’attaque à l’arbre avec une tronçonneuse. L’Épicéa s’effondre à grands fracas deux jours plus tard, jetant la communauté locale dans la consternation. Peu après avoir avoué, Hadwin disparaît mystérieusement.

La quatrième de couverture d’un bon polar n’aurait pas été plus accrocheuse. Et c’est effectivement une enquête que va mener John Vaillant. Une enquête dans le temps et dans l’espace, une enquête botanique et sociologique. Ce qui commence par une histoire, certes simple mais intrigante, va se transformer en épopée. Son talent de conteur et ses innombrables recherches plongent le lecteur dans ces territoires reculés géographiquement où la nature si dense et majestueuse doit faire face à l’un des plus grands prédateurs : l’homme et l’industrialisation.

Grâce à un entremêlement d’histoires et de personnalités, John Vaillant remonte le temps et nous fait pénétrer dans  ce monde si brut des bûcherons. Avec toujours une multitude de détails, il met en relief la manière dont ce métier a évolué. L’industrialisation à outrance fait que la ressource en bois, existant à l’époque à foison dans ces régions-là,  s’est vite retrouvée épuisée par l’efficacité des machines ne permettant plus l’équilibre entre l’abattage d’arbres et son renouvellement. Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous ! Mais John Vaillant ne se contente pas d’énoncer ce que tout le monde sait, il arrive à nous exposer les faits et surtout les différents points de vues de manière à ce que le lecteur  en tire lui-même les conséquences.

A l’instar du Tigre,  le récit de « l’arbre d’or » est tellement vaste et complexe que le décrire comme une apologie de la Nature et un plaidoyer contre l’industrialisation ne suffit pas. Car le récit de John Vaillant est bien plus que cela.

Deux idées ressortent pour moi en parallèle : John Vaillant , passionné des peuples Amérindiens, nous décrit le lien étroit qu’entretiennent les Haida avec la Nature. Ce lien Homme-Nature me rappelle un peu le message que fait souvent passer Hayao Miyazaki, le cinéaste  japonais, dans ses films d’animation.

Enfin, ce que je retiendrai  de l’écriture de John Vaillant est l’idée que la Nature (et en cela la Vie) porte en elle son équilibre. Ce principe bouddhiste par excellence  met en exergue l’idée de Balance qui, si l’on ne prend pas du recul sur les événements afin de voir les faits dans sa globalité, passe inaperçue.

PS :  A ne pas manquer  – L’auteur a été invité sur France culture dans l’émission Tout un monde, le 29 avril 2014.

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