8 – D’autres vies que la mienne

On voudrait se cacher des images, mais il y a des souvenirs qui remontent, celle d’un lit appareillé entre intubateurs et perfusions, ces blouses blanches, bleues, cotonneuses, couvertes jusqu’aux yeux. Le drame familial autour de la maladie fracassante qui ressurgit, dépassé pourtant, de peu, mais dépassé aujourd’hui, vieilli par chance. On repense à ça, moins pour soi que pour ces autres vies en suspens, fragiles, fragiles. De lien en lien, on en connaît à coup sûr de ces vies. Emmanuel Carrère qui s’est risqué, avec D’autres vies que la mienne, à l’intrusion de ces intimités fracassées interroge cette empathie qui, entre peur et pleurs, nous déborde. Par l’analyse de l’évènement, énonçant sans contours la fracture qui sépare l’avant de l’après, son écriture répare un peu. Elle se veut moins contenu que continue, une ligne possible pour affronter le désordre de la stupeur.

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