Il y a dans les pages de Denise au Ventoux quelque chose comme les accents d’une schizophrénie. Cela procèderait de l’interrogation de l’animalité, qui est au cœur des pages de ce livre, mais plus encore de la part animale que l’auteur traque dans son narrateur, une part animale qui en serait la plus sensible, la plus attentive aux êtres et à la vie. De même qu’il existerait deux champs d’observation pour Paul, le narrateur, celui d’abord des humains et de leur cirque quotidien, celui ensuite qui obsède son regard, capturé par les signes d’intelligence de Denise, la chienne dont il hérite « provisoirement » et naturellement, de même le roman, qui fait le récit de cette liaison entre homme et chien(ne), est-il divisé en deux approches du genre romanesque.
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L’Antarctique sous toutes ses formes / Noël 2016
En cette fin d’année 2016, plusieurs beaux-livres attirent notre attention sur la Nature encore préservée de l’Antarctique . Parfois sous forme de récits mais plus principalement de photographies, tous ces artistes et scientifiques nous livrent un travail splendide qui mérite d’être montré.
Jean-Baptiste Del Amo / Le Règne animal / Gallimard
Ce qui est en jeu dans le quatrième roman de Jean-Baptiste Del Amo pourrait être la violence du monde. Pour la mettre en jeu, le romancier a recours au milieu le plus approprié, la famille. Il choisit de créer une famille née de « presque rien », autre qu’un pur amour aux bords de l’inceste (une union entre cousins), et dont la descendance va assumer dans le silence et dans l’oubli cette origine brutale, aux confins de la sauvagerie. A ce banquet des passions sont conviés la tragédie antique, méditerranéenne, un panthéisme ravivé par la proximité de la nature et des animaux, la Bible et ses figures fondatrices, pères, mères, frères, Caïn et Abel, les Évangiles et leur « supplément » apocalyptique, la religion catholique et son cortège de règles, de fautes, de contrition.
Céline Minard : Le grand jeu
Nous étions restés sur le souvenir de ce roman au titre rugueux, Faillir être flingué, publié en 2013 (et légitime Prix du Livre Inter en 2014), un souvenir fait de lumière, de poussière et de poudre, de personnages « improbables » de western, dans une ville impossible, une utopie de mineurs et de pionniers, propulsée dans une nature désertique hostile, portée à blanc par un soleil obsédant. Le dessin des traces, roues, pieds, sabots, faisait au récit une place inaugurale, abstraite, labyrinthique.