« L’atelier infini. Présences du surréalisme »

Jean-Christophe Bailly ne pourra pas être présent le 4 octobre à 17h pour présenter son ouvrage « Jours d’Amérique (1978-2011) ». Le rendez-vous avec Christian Bernard est maintenu à 17h, sans la présence de Jean-Christophe Bailly.
Jean-Christophe Bailly, Jours d’Amérique, publié aux éditions du Seuil. 


« Comme tout mouvement d’avant-garde, le surréalisme brave le présent et exalte l’avenir de son propre développement, mais on est frappé par le souci qu’eut Breton de faire venir l’idée surréaliste de très loin, comme si elle n’était au fond que la condensation de toute une série d’affleurements ou de cristallisations provenant du passé et, plus spécifiquement, du XIXe siècle. Or la matière ainsi réunie et prête à être retravaillée ne coïncide que très partiellement avec le mouvement d’émancipation formelle tel qu’il s’est développé en peinture depuis Manet, et l’ont peut même dire que le surréalisme est hostile à l’impressionnisme, hostile même sans doute à l’insistance cézannienne.
Ce qu’il réclame, c’est un surcroît de vision intérieure, c’est la libération dans la peinture des flux de cette énergie visionnaire, qu’il connecte avec l’inconscient freudien : pour les surréalistes le réel est au fond inconsistant, en même temps que la forme abstraite demeure vide. Ce qu’ils recherchent, c’est un réel pour ainsi dire augmenté, transfiguré
(comme il peut l’être dans les images du rêve ou à certaines occasions, à certains sursauts de la vie quotidienne), et des formes habitées ou, devrait-on plutôt dire, chargées, en prise en tout cas sur le film hypersensible et mobile de l’inconscient. […]
[…] Un autre aspect qu’il conviendrait de souligner, car ses conséquences plastiques sont considérables, c’est la façon dont la revendication « primitiviste » des surréalistes, et leur volonté de donner libre cours à des pulsions dansantes refoulées par l’étau civilisationnel, les conduisirent à collectionner, mettre en valeur et propager des objets
ou des œuvres provenant de cultures lointaines ou minoritaires. L’art océanien avant tout, et aussi celui des Indiens d’Amérique et des Eskimos. Mais aussi, sur un tout autre registre, les œuvres de ces inspirés solitaires que l’on allait un peu plus tard regrouper sous l’appellation d’art brut. »

Jean-Christophe Bailly, in L’atelier infini. Présences du surréalisme.

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