Les sons, les bruits, leurs absences ont une incidence ; plaisirs sensibles, douleurs plausibles, ils corroborent nos humeurs et dissipent nos attentions. Plus silencieuse, mais pas silencieuse, car nous avons bien besoin de paroles et discussions mêlées pour vivre cette retraite forcée, notre expérience commune s’accompagne aujourd’hui d’un monde sonore différent. Cette modification, poussée à son excès, Kamo No Chômei, la relate dans ces notes. Sa tentative radicale de s’échapper au bout du monde pour mieux s’abstraire du bruit du monde est un acte de résonance d’abord. Disparaître et laisser venir. Ce qui résonne en soi, le bzzz de l’abeille trop près de l’oreille tranquille, le jase du merle amoureux, le bavardage de la pie en colère, le souffle élargi du vent qui ouvre le poumon. De ma cabane de moine ou de mon appartement citadin, de bruissements en bruitages, je ferme les yeux et j’entends.
Kamo no chômei – Notes de ma cabane de moine – ed. Le bruit du temps.