4 – L’homme qui marche

Dans ce périmètre carré toulousain, l’homme qui marche n’a jamais été aussi visible. Un par un, un, puis un, il laissera traîner les distances. L’observation est nette. Le mouvement se décompose. Car l’on ne sort plus pour attraper un bus, un métro, un rendez-vous mais bien pour marchotter. La nature vive de l’homme qui court se repose aujourd’hui en l’homme qui marche. Le grand sculpteur, lui, aurait peut-être aimé et pu le saisir enfin cet Homme qui marche, combler cette insatisfaction qui le poussait à retrancher de la matière. Ses personnages, devenus fils, assistent à leur propre érosion mais y découvrent aussi une force étrange qui les fait tenir debout. A leur façon, ici et là, nos marcheurs répétés fabriqueront leur ritournelle pour ne pas se lasser de ces noms de rues, à prendre à l’endroit, à l’envers, yeux fermés, oreilles bouchées.

Alberto Giacometti, Ecrits, Ed. Hermann.

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