Salman Rushdie, auteur britannique d’origine indienne, avait reçu le Booker Prize, prestigieux prix littéraire, pour son premier roman Les enfants de minuit. Il est aussi connu pour Les versets sataniques, publication qui lui avait valu une fatwa d’exécution par l’ayatollah iranien Khomeiny.
Son roman L’enchanteresse de Florence est la rencontre enchantée de l’Orient et de l’Occident. Il met en regard deux civilisations en plein bouleversement culturel. Les Renaissances moghole et florentine, réunies ici par un voyageur fabuliste et enchanteur, Mogor dell’amore ou Niccolo Vespucci, appelez-le comme vous voudrez, venu de Florence en terre moghole pour livrer un secret à l’empereur Akbar, secret qui le fera devenir illustre membre de la famille royale ou le mènera à la mort. Ce secret est avant tout une histoire, celle de Qara Köz, princesse moghole aux pouvoirs enchanteurs, arrachée à sa famille comme tribu de guerre avant d’arriver, au fil des aventures, dans la Florence de Machiavel.
Dans cette épopée fabuleuse, Salman Rushdie renoue avec le conte oriental dans une écriture fine et sensuelle, il nous embarque dans une fable moderne enchâssée de récits : on suit tour à tour les aventures de la cour d’Akbar, les pérégrinations de Qara Qöz et l’épopée fabuliste de Mogor / Vespucci, récits auquel se ramifie toute une succession de faits et de personnages, nous faisant parcourir ces contrées et les mentalités de ces cultures. L’auteur nous charme par ces histoires qui se répondent et se confrontent, ainsi que par ses talents de conteur avec lequel il entremêle merveilleux et réel. La fantasmagorique Jodhabai, épouse idéale née des rêves de l’empereur, les onguents magiques de la prostituée Squelette cohabitent avec les exploits du héros Argalia, qui a mené les guerres ottomanes après avoir fuit la peste à Florence. L’onirisme ponctue d’enchantement ce récit dense qui confronte deux civilisations dans leurs histoires et leurs évolutions spirituelle et morale, embarquant sans détour ceux qui souhaitent voyager dans un XVIe siècle empreint de magie et d’exotisme.
 
     L’Enchanteresse de Florence – Salman Rushdie – collection Folio, Gallimard 2010 – 8€40