Coeur d’encre de Cornélia Funke


Meggie vit avec son père Mo (Mortimer), restaurateur de livres, depuis la disparition de sa mère, des années auparavant. Un soir survient un visiteur impromptu et étrange (Doigt de poussière) que semble pourtant  bien connaître Mo, et qui réclame un objet désiré par un individu dont Mo espère que sa fille « n’aura jamais à le rencontrer » : Capricorne. Ce que la fillette apprendra très vite, c’est que l’objet en question est un livre « Cœur d’encre », dont sont issues toutes ces sinistres personnes ; car le talent extraordinaire de Mo est de faire surgir parfois des personnages des livres  qu’il lit à voix haute, au point de les rendre vivants. Mais dans le même temps, des êtres existant auprès de lui peuvent disparaître, comme neuf ans auparavant, la mère de Meggie  a disparu, au moment où Doigt de poussière et Capricorne sortaient de leur livre. Mo ne peut réellement maîtriser ce « don» et il  a depuis renoncé à lire à voix haute ;  mais les méchants surgis de Cœur d’encre sont convaincus qu’il peut les aider dans leurs funestes projets, et sont prêts à tout pour obtenir sa collaboration. Vient à leur aide Elinor une tante de la mère de Meggie, collectionneuse de livres et grande lectrice elle-même -Nombres de ruses et de surprises, d’aides loyales et de trahisons contribueront à dénouer cette histoire palpitante, qui les mène dans l’antre du diabolique Capricorne, et de ses sujets apeurés et incultes.
Cornélia Funke, avec un talent fou, nous  entraîne  dans une aventure fantastique, pleine de rebondissements et de personnages divers et complexes, dont le principal est …notre rapport à la lecture ! Car, si, dans le roman, Meggie et Mo sont obligés d’en appeler à l’auteur du livre (il s’appelle Fenoglio !!!), celui-ci  s’aperçoit que pour sauver ses lecteurs de la situation embarrassante où ils sont plongés, il lui faut obligatoirement modifier la fin de son livre, à l’insu de ses personnages, dont il est prisonnier … lui « le maître des mots, le magicien de l’encre, le sorcier du papier’ . Un joli clin d’œil pour nous rappeler que lorsque le lecteur que nous sommes est envahi par l’histoire qu’il dévore, c’est l’auteur qui tire les ficelles, mais que ses personnages ont parfois une vie propre … et exigeante. Cornelia Funke nous autorise, en suivant l’aventure de Meggie, à jeter un coup d’œil par le trou de la serrure, et à regarder d’où viennent les histoires, comment font les auteurs pour les inventer et les écrire. Les références à des textes connus, au début de chaque chapitre sont là pour nous dire que l’on n’écrit pas si on n’est pas soi-même lecteur, et que les histoires évoluent , omme évolue le monde dans lequel elles se déroulent.
Cependant, si le livre est un bel hommage aux écrivains, aux pouvoirs et au plaisir de la lecture, il est avant tout un roman palpitant, qui nous envoûte et nous retient dans ses méandres fouillés et passionnants.
A lire ou relire , à partir de 10/11 ans, et sans limites !

Coeur d’encre est disponible aux éditions Gallimard dans la collection Folio Junior.
(article paru dans la revue Page n°127)

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